Le CERN sous les projecteurs



Il y a quelques semaines, nous avons célébré les 20 ans du World Wide Web. L’occasion m’a ainsi été donnée, pour la première fois depuis mon entrée en fonctions, de me faire une idée concrète de la nouvelle image médiatique du CERN. Plus de 60 médias du monde entier étaient présents au Laboratoire, et quelque 900 articles ou reportages ont été consacrés à l’événement les jours suivants. Quelques semaines plus tôt, la société Sony Pictures avait tenu une conférence de presse à l’occasion de la sortie de son prochain film, Anges et démons, dont quelques scènes se déroulent au CERN. Il se trouve que, cette même semaine, le nouveau calendrier du LHC était publié, et l’attention des médias s’est essentiellement portée sur le LHC.

Qu’est-ce que cela implique pour notre travail quotidien ? La recherche en physique des particules a toujours été menée de façon entièrement ouverte et transparente. C’est, en quelque sorte, dans nos gènes. Tout le monde peut assister à nos réunions, et il est important que nous continuions à encourager cette culture de la transparence. Cela dit, nous devons savoir que nous sommes aujourd’hui bien plus exposés au regard du public qu’auparavant.

Nous devons être conscients que, lorsque nous discutons entre collègues dans des réunions ouvertes à tous, lorsque nous rédigeons des articles pour des publications internes de notre institut d’origine ou lorsque nous nous adressons aux Cernois par l’intermédiaire du Bulletin, le monde nous regarde. Cela ne veut pas dire que nous devions à l’avenir être moins directs, mais nous devons néanmoins être plus attentifs à la manière dont nous communiquons. Nous devons veiller, lorsque nous évoquons tel ou tel point de la physique des particules, à ne pas utiliser de « raccourcis » susceptibles de donner lieu à des malentendus, et à ne pas communiquer de résultats tant qu’ils n’ont pas été soumis aux procédures internes habituelles d’évaluation par des pairs. Nous devons également ne pas perdre de vue que les projets du CERN, bien que de portée mondiale, dépendent de contributions nationales : si vous vous adressez à un public d’un pays particulier, pensez à mettre en valeur les réalisations de ce pays.

Pour ces raisons, le nouveau code de déontologie que le département HR est en train d’élaborer comportera des lignes directrices sur l’utilisation des données sensibles, en vue d’améliorer la qualité des informations que nous diffusons, en tant que communauté, au monde extérieur, qui est de plus en plus friand d’actualités sur la physique. Nous devons au public, et nous nous devons à nous-mêmes, d’expliquer ce que nous faisons d’une façon non seulement transparente et précise, mais également compréhensible pour le profane. Cette responsabilité n’incombe pas seulement à l’équipe chargée de la communication, mais à chacun d’entre nous.

Rolf-Dieter Heuer