Du matériel informatique du CERN en route vers le Maroc

Saviez-vous que les centres de calcul ont des points communs avec les humains ? Ils respirent, doivent garder une température constante, et peuvent même être donneurs d’organes. Dans le cadre d’un programme régulier de renouvellement d’équipements, le Centre de calcul du CERN vient juste de faire don à des universités marocaines de 161 serveurs réformés.

 

Le professeur Abdeslam Hoummada et le directeur général du CERN Rolf Heuer avec les serveurs en partance pour le Maroc.

« On ne s’en rend pas compte, mais le Centre de calcul est un être vivant. Il ne suffit pas d’installer du matériel et de le laisser fonctionner ad vitam æternam. Nous remplaçons en permanence des machines et des pièces défectueuses, et améliorons des systèmes, comme le refroidissement », explique Wayne Salter, chef de groupe Gestion des équipements informatiques au sein du département IT, qui veille sur le Centre de calcul comme une infirmière surveille la température de son patient, surtout depuis que de nouvelles règlementations internationales sur les conditions environnementales au sein des centres de calcul sont entrées en vigueur. « Une nouvelle norme internationale a porté à 27° C la température d’entrée pour les ordinateurs modernes, poursuit Wayne. Cela signifie que l’air qui entre dans les ordinateurs doit être moins froid. La température de l’air que nous insufflons dans le Centre de calcul est désormais de 22° C, contre 14° C auparavant, ce qui permet une importante économie d'énergie. » Grâce à d’autres changements apportés aux systèmes de refroidissement, notamment un recours plus important à l'air extérieur, le Centre de calcul a pu réduire sa consommation d'énergie de 4,5 GWh.

« Quatre fois par an environ, nous organisons une vaste opération de déménagement, ajoute Wayne. En 2012, nous prévoyons de remplacer au total quelque 1500 serveurs. Il s'agit de serveurs qui ont environ quatre ans, et qui sont plus lents et moins efficaces que les nouveaux modèles actuellement disponibles sur le marché. »

Si ces serveurs ne sont plus adaptés à l’usage de pointe qu’il en est fait au CERN, cela ne signifie pas pour autant qu’on ne peut pas les utiliser dans des environnements moins exigeants. Le 8 mars, 161 serveurs ont été chargés à bord d’un camion en partance pour le Maroc. Environ la moitié d’entre eux servira à la mise en place d’un centre de niveau 2 pour la Grille, à Rabat, la capitale, tandis que l’autre moitié s’intègrera au réseau RUPHE reliant les quatre principaux instituts de physique des hautes énergies du pays.

« Ces serveurs permettront aux scientifiques marocains, qui collaborent dans une grande mesure à l'expérience ATLAS, d’analyser les données du LHC dans leur propre institut, lorsque cela s’avère préférable », explique le directeur général du CERN, Rolf Heuer. Cet envoi est le résultat d’une promesse faite par le CERN en mai 2011, lors de la conférence « Partage du savoir en Méditerranée ».

 

Le Centre de calcul en chiffres

- 3 salles des machines, sur une surface totale de plus de 2 800 m2

- 1 100 racks

- 8 000 systèmes

- 15 000 processeurs

- plus de 60 Po de capacité de stockage sur disque (l’équivalent d’environ 13 millions de films sur DVD dont le visionnage prendrait plus de 3 500 ans)

- plus de 75 Po de capacité de stockage sur bande, laquelle augmente de 25 Po chaque année avec les données du LHC

- capacité électrique actuellement disponible pour les équipements informatiques : 2,9 MW (3,5 MW d’ici à octobre 2012)

- bande passante du réseau interne pour la LCG : 9,6 Tbps

 

par Joannah Caborn Wengler