Massimiliano Ferro-Luzzi (1932 - 2013)

Massimiliano (Max) Ferro-Luzzi, éminent physicien du CERN, s’est éteint le 18 mars dernier. Après une jeunesse passée à Asmara (Érythrée), Max accomplit ses études supérieures à l’Université de Rome, où il intègre l’équipe d’Edoardo Amaldi, spécialisée dans les émulsions nucléaires. Ses travaux de recherche portent sur l’étude des réactions des antiprotons dans des émulsions exposées dans le faisceau du Bévatron du Laboratoire de Berkeley. Il obtient sa thèse en 1955. Tout au long de sa carrière, il s'astreindra à analyser minutieusement ses données en attachant une attention particulière aux améliorations techniques qu'il est possible d'apporter (l’automatisation de la mesure des traces, dans le cas de ses premiers travaux) à l’aide d’instruments toujours plus sophistiqués.

 

À partir de 1960, Max passe trois années au sein de la prestigieuse équipe de Luis Alvarez au Laboratoire de Berkeley. Ses travaux portent essentiellement sur le rôle des kaons dans les interactions fortes. En 1963, il rejoint le CERN, où il passe le reste de sa carrière, à l'exception d'une année sabbatique passée au SLAC, en 1976. Sa contribution la plus importante en tant que l’un des responsables de la division Chambres à traces au CERN a été la découverte et l’étude, au moyen de chambres à bulles, des résonances baryoniques ; on lui doit en particulier l'élucidation des résonances hypéroniques. Ces résultats impressionnants fourniront de précieuses données expérimentales pour préciser les modèles de quarks.

À la fin des années 1960, il est l’un des premiers à prendre conscience de la nécessité de passer aux détecteurs électroniques. De 1970 à 1980, il fait travailler ensemble des physiciens spécialistes des compteurs et des chambres à bulles et continue de mesurer la diffusion élastique des hadrons de basse énergie par des moyens purement électroniques. Pour cela, il met au point de nouvelles techniques de chambres proportionnelles multifils et de détection de la lumière Tchérenkov ultraviolette.

Max s'intéresse ensuite quelque temps à l’étude des interactions faibles et des neutrinos, d’abord en 1984, au CERN, dans le cadre d’une expérience menée auprès du Synchrotron à protons (PS), puis en 1986, au Laboratoire de Brookhaven, en menant des travaux auprès du Synchrotron à gradients alternés (AGS) au moyen de tubes flash de type Conversi. Par la suite, il effectue des tests sur le premier prototype du détecteur ICARUS, puis participe activement au lancement, en 1989, de l’expérience JETSET, menée auprès de l’Anneau d’antiprotons de basse énergie (LEAR). En 1995, il rejoint la collaboration DIRAC et dirige le groupe du CERN qui joua un rôle important dans la mise en place et la réalisation de l'expérience. Il assume également les fonctions de chef de projet pour la conception et la mise en service d’un hodoscope de déclenchement. La participation active de Max à la préparation de l’expérience, et ses recommandations concernant les premières étapes de celle-ci se sont avérées très précieuses.

Il préside le Comité de la bibliothèque de 1979 à 1989, devient membre du Comité du PS et du SC en 1981, et assume les fonctions de secrétaire scientifique du Comité de la recherche de 1984 à 1997. Il prend sa retraite au CERN en 1997.

Reconnu pour sa grande rigueur intellectuelle, Max savait néanmoins se montrer pragmatique lorsqu’il s’agissait d’interpréter les expériences. Très sensible à la précision de la langue, Max avait une vision du monde qui lui était propre et maniait un humour cinglant. Ses amis voyaient en Max un être exceptionnel. Il leur manquera terriblement.

Ses collègues et amis