La balle est dans notre camp

Le 16 avril, l’équipe TE-VSC a commencé à localiser et à réparer les doigts radiofréquence défectueux du LHC. Pour cela, elle utilise une « balle RF » qui va parcourir le tube de faisceau sur toute sa longueur.

 

Campagne de tests réalisée en 2007.

À l’abri dans les soufflets entourant les interconnexions du LHC, les tubes à vide sont reliés grâce à des connecteurs métalliques souples appelés « doigts RF ». Ceux-ci permettent de maintenir le contact électrique entre les aimants du LHC, et de garantir la continuité du tube de faisceau. Lorsque les aimants se contractent ou se dilatent sous l’effet des écarts de température, les doigts RF préservent la connexion électrique simplement en coulissant les uns sur les autres.

L’expérience a pourtant montré que les pressions exercées par les mouvements des aimants du LHC pouvaient tordre ces doigts. « Ce n’est pas la conception des doigts qui est en cause, explique Vincent Baglin, du groupe Vide, surfaces et revêtements (TE-VSC), mais plutôt de légères non-conformités lors de la construction qui ont fait que certains doigts ne respectent pas les paramètres de conception. » Ces doigts défectueux peuvent être facilement réparés, mais comme il y a plus de 1800 doigts RF dans le LHC et qu’on ne connaît pas le degré de conformité de chaque pont RF, trouver les pièces défectueuses s’avère ardu.

Un défi que les membres de l’équipe TE-VSC ont entrepris de relever. Pendant les deux prochains mois, ils vont examiner l’ensemble de la machine à la recherche des doigts défectueux, grâce à la technique dite de la balle-test*. « Nous allons envoyer dans le tube de faisceau une balle RF - une banale sphère renfermant un émetteur radiofréquence - à la recherche d’irrégularités, explique Julien Finelle, technicien responsable des tests. À mesure que la machine sera ramenée à température ambiante, les doigts défectueux vont se déformer et déborder dans le tube de faisceau. Ils bloqueront alors la balle RF lorsqu’elle passera dans le tube, ce qui permettra de déterminer les secteurs devant être réparés. »

L’équipe de Julien Finelle va tester la machine arc par arc, en utilisant une simple technique d’aspiration pour faire circuler la balle RF le long du tube. « Nous allons ouvrir l’extrémité de l’arc, y fixer un équipement d’aspiration, introduire la balle RF et la propulser dans le tube, explique-t-il. Grâce aux détecteurs de position de faisceau installés tous les 52 mètres, l’équipe de Marek Gasior (BE-BI) pourra suivre la progression de la balle RF dans la machine. » Si aucun doigt n’est défaillant, les tests peuvent être achevés en un peu plus de 20 minutes. Dans le cas contraire, l’équipe de Nicolas Bourcey (TE-MSC) ouvrira la machine pour procéder aux réparations.


* Technique mise au point en 2008 par les membres de BE-BI, BE-RF, DG-DI, EN-MEF, PH-UIS et TE-VSC.

par Katarina Anthony