Le LHC… à Londres

En novembre, le Science Museum de Londres inaugurera une nouvelle exposition sur le LHC. Adoptant une démarche inédite et ambitieuse, le musée va collaborer avec une équipe de concepteurs éclectique, parmi lesquels un artiste vidéaste et un dramaturge. Ces deux personnalités, lauréates du prix Laurence Olivier, sont plus connues pour leurs œuvres sur scène et sur écran que dans des musées.

 

Image : Science Museum / Nissen Richards Studio.

L’équipe du Science Museum qui est venue au CERN s’attendait à être époustouflée par la nature hors du commun des activités scientifiques et technologiques menées au Laboratoire. Et elle n’a pas été déçue. Mais ce qui a le plus impressionné les représentants du musée, ce sont toutes celles et ceux qui permettent au Laboratoire d’exister. Physiciens, ingénieurs, personnel administratif, employés des restaurants, transporteurs, logisticiens... Des hommes et des femmes qui partagent tous une même passion pour le CERN et un même enthousiasme quand ils évoquent leur travail. « Ce qui nous a frappés chez toutes les personnes avec qui nous avons parlé, c'est leur référence permanente à la notion de collaboration internationale et à un nécessaire esprit de curiosité », confie Alison Boyle, conservatrice de l’exposition Modern Physics and Astronomy, à la tête de l’équipe chargée de créer la nouvelle exposition.

La venue au CERN de représentants du Science Museum de Londres fut une très belle surprise. Mais comment faire ressentir à des visiteurs la passion qui anime le CERN, et leur donner l’impression de participer eux aussi à l’aventure ? Le musée a choisi de s’entourer de personnalités du monde du théâtre afin de donner au public l’impression de visiter réellement le CERN. Ainsi, l’exposition s'articulera autour de textes écrits par le dramaturge Michael Wynne et de films réalisés par l’artiste vidéaste Finn Ross mettant en scène certains lieux-clés du Laboratoire. Le Centre de contrôle du CERN, l’amphithéâtre principal, le tunnel du LHC et l’une des expériences LHC seront mis à l’honneur : une immersion du visiteur au cœur du Laboratoire, sur fond d'anecdotes racontées par celles et ceux qui y travaillent.

« Le musée a pour ambition de mettre la science d’avant-garde sur l’agenda culturel, et l’exposition Collider s’inscrit tout à fait dans cette perspective, poursuit Alison Boyle. La physique des particules est un sujet ardu pour un musée. Les concepts scientifiques sont méconnus de la plupart des visiteurs et la technologie peu habituelle est souvent déroutante de prime abord. Le LHC, c’est un concentré d’extrêmes : gigantisme des appareils et infinitésimalité du monde subatomique ; difficile à représenter derrière des vitrines en verre ! » Des objets seront bien sûr exposés, provenant des collections du musée mais également du CERN et des expériences. Depuis les incontournables aimants du LHC jusqu'à des objets plus personnels, comme le vélo de Roberto Saban, indissociable de ses déplacements dans le tunnel du LHC.

Harry Cliff, physicien de Cambridge et membre de LHCb, a été chargé de représenter la physique moderne auprès du musée et de définir le contenu de l'exposition. Une expérience qui l’a enchanté. « Ce travail a été très gratifiant et l'enthousiasme de toutes celles et ceux qui ont participé à la conception de l'exposition me rappelle sans cesse à quel point ce que nous faisons au CERN est passionnant. C’est quelque chose que l’on peut facilement oublier lorsqu’on passe deux jours à résoudre un bogue dans un code ROOT, souligne-t-il. Je peux dire sans mentir que j'en ai presque autant appris sur le CERN et le LHC que sur les musées. J’ai eu la chance de rencontrer des personnes issues de disciplines très diverses du Laboratoire, que je n’aurais probablement jamais rencontrées dans le cadre de mon travail à LHCb. En fait, le projet n’aurait jamais pu voir le jour sans l’aide de nombreux physiciens, ingénieurs et autres membres du personnel du CERN, qui ont donné de leur temps sans compter et nous ont aidés à emmener le LHC jusqu’au Science Museum. » Un sentiment partagé par Alison Boyle : « Tout le monde au CERN a été incroyablement enthousiaste et coopératif, qu’il s’agisse de trouver des objets et des données numériques pouvant être exposés, de les transporter à Londres, de consacrer du temps pour les interviews et la réalisations des films, d’expliquer le fonctionnement de certaines choses et, surtout, de nous montrer les coulisses du Laboratoire, ce qui permettra de rendre le LHC vivant aux yeux du public. »

Ces efforts s’avéreront payants pour les projets d’exposition du CERN, en particulier dans la perspective de la rénovation du Microcosm en 2014. Toutes les nouvelles images prises pour l’exposition seront mises à la disposition du CERN, ainsi que tous les contenus créés par le musée.

L'exposition Collider ouvrira le 13 novembre 2013 au Science Museum de Londres. Elle durera six mois, puis sera présentée dans le monde entier. Entrée gratuite pour les détenteurs d’une carte CERN.

par Emma Sanders