À quand le « dégel » ?
« La situation s’améliore lentement, mais ce n’est pas encore le dégel. » C’est le triste constat de Jocelyn Bell Burnell à propos de l'impact des nombreuses initiatives prises pour accroître le nombre de femmes dans le secteur des sciences, des technologies, de l’ingénierie et des mathématiques au Royaume-Uni.
L’astronome mondialement connue milite avec passion pour que le nombre de femmes dans ces secteurs professionnels augmente. Invitée à donner une conférence au CERN dans le cadre de son programme pour la diversité, elle souligne à quel point il est important que le problème soit abordé au niveau gouvernemental. « Pendant des décennies, des personnes très motivées ont fait de grandes choses dans le cadre d’initiatives isolées, mais avec peu de résultats, explique Jocelyn Bell Burnell. Nous avons besoin de pression politique et devons envisager de changer la culture scientifique. »
Il est essentiel que les plus hautes sphères gouvernementales reconnaissent le problème et se l’approprient. Jocelyn Bell Burnell cite le congé parental comme un changement qui pourrait avoir énormément d’influence. Par exemple, en Finlande, où les deux parents peuvent se partager le congé parental, il semblerait que les scientifiques hommes, qui reprennent le travail après une absence de trois mois pour s’occuper de leur nouveau-né, font carrière plus rapidement. On n’en connaît pas la raison, mais Jocelyn Bell Burnell pense que le cerveau est rendu plus créatif par cette interruption de la routine quotidienne, qui laisse plus de temps pour réfléchir. De tels changements culturels et législatifs ne peuvent émaner que du plus haut niveau d’un gouvernement.
Il n’est pas aisé de faire évoluer la culture scientifique, et Jocelyn Bell Burnell a souligné l’importance de vaincre les préjugés inconscients qui persistent lors du recrutement, tout en vantant les avantages qu'il y a à favoriser la diversité dans les groupes de projet. Selon elle, plusieurs des mesures qui encourageraient les femmes à poursuivre une carrière dans le secteur des sciences, des technologies, de l’ingénierie et des mathématiques seraient également utiles aux minorités en général.
Une initiative nationale a un effet positif : il s’agit du programme Athena SWAN dans le cadre duquel les universités du Royaume-Uni analysent leurs statistiques et pratiques professionnelles afin de déterminer comment améliorer la situation d’un point de vue pratique et culturel, et promouvoir ainsi la carrière des femmes travaillant dans le secteur des sciences, des technologies, de l’ingénierie et des mathématiques. Les universités sont récompensées selon leurs efforts par une médaille de bronze, d’argent ou d’or. Le médecin-chef du Royaume-Uni a déclaré que, dans quelques années, les universités qui demanderont des subventions pour mener des recherches médicales devront prouver qu’elles ont obtenu au minimum la médaille d’argent. Comme tout chercheur le sait, la perspective de subventions est une motivation efficace pour le changement.
Militante engagée, Jocelyn Bell Burnell reconnaît que beaucoup d’autres pays souffrent du même problème que le Royaume-Uni. Elle a conclu son discours en affirmant que le CERN pourrait être un moteur puissant de changement, en encourageant ses partenaires et fournisseurs à adopter la diversité.
La conférence a été suivie par une discussion animée au cours de laquelle des membres du public ont fait part de leurs expériences (bonnes ou mauvaises) vécues dans divers pays du monde.
Regardez la conférence de Jocelyn Bell Burnell en ligne ici.
Pour plus d’informations concernant les activités du CERN en matière de diversité, rendez-vous ici.
par Stephanie Hills