La science au service de l’énergie

Deux réunions sur le thème de l’énergie ont eu lieu au CERN ces deux dernières semaines. La première sur la manière d’utiliser l’énergie, la seconde sur la manière de produire de l’énergie à l’avenir. Ces questions sont importantes, pas seulement pour le CERN, mais pour l’ensemble de la société.

 

Revenons d’abord sur la première réunion. Il s’agissait de la deuxième édition d’une série d'ateliers sur le thème de l'énergie pour une science durable organisés par le CERN en collaboration avec l’ESS (European Spallation Source), qui avait accueilli la première, et l’ERF (European association of national research facilities). La manière dont nous utilisons l’énergie est de plus en plus importante. Au CERN, cela représente une part importante du budget de fonctionnement. Le Laboratoire consomme en effet 1,2 térawatts-heure (TWh) chaque année. À titre de comparaison, la consommation du canton de Genève est de 3 TWh chaque année. C’est pourquoi nous devons faire en sorte d'utiliser l'énergie de la manière la plus efficace, responsable et durable possible. Depuis le premier atelier en 2011, d’importants progrès ont été réalisés, qu’il s’agisse de l'accroissement de l’efficacité énergétique, d’idées pour utiliser la chaleur résiduelle ou des efforts déployés pour appliquer les technologies du CERN aux domaines de la distribution, du transport et du stockage de l’énergie.

Une deuxième réunion a également eu lieu, consacrée à la fission du thorium dans ses aspects scientifiques, technologiques et politiques. Utiliser le thorium au lieu de l’uranium comme combustible présente de nombreux avantages. Pas de pénurie à craindre, des déchets d’une durée de vie beaucoup plus courte et un processus qui ne produit pas de matériaux pouvant être utilisés comme des armes. Par ailleurs, la technologie des réacteurs au thorium peut aussi servir à éliminer les déchets nucléaires existants et à produire des isotopes à usage médical. Le domaine se développe rapidement, et le CERN peut y jouer un rôle important. L’un des pionniers dans ce domaine est Carlo Rubbia, ancien directeur général du CERN. Quant au CERN, il a mené certaines des premières démonstrations de faisabilité auprès de l’expérience TARC, dans le milieu des années 1990. Rien de plus naturel donc qu’il ait accueilli la conférence 2013 sur l’énergie du thorium (ThEC13).

Le CERN jouit auprès du public d’une notoriété considérable et d’une excellente image liée à ses contributions à la science fondamentale. Des événements comme celui-ci lui permettent de tirer parti de cette image pour promouvoir l’importance vitale de la science en général. L’approvisionnement en énergie et la production d’énergie sont les grands défis que doit relever l’humanité actuellement. Les réunions de ce type sont une part importante du débat et montrent le rôle essentiel que peut jouer la science dans l’amélioration de notre avenir.

Rolf Heuer