Louis Dick (1921 - 2014)

Louis Dick, physicien expérimentateur du CERN de renommée internationale, s’est éteint le 14 juillet dernier.

 

Louis dans son bureau, véritable merveille archéologique, jonché de couches de documents correspondant à diverses ères de la physique.

Né à Genève le 27 avril 1921, Louis obtient un diplôme de physique à l’École polytechnique fédérale de Zurich en 1946 avant de rejoindre l'Institut du Radium à Paris, où il intègre le groupe dirigé par Frédéric et Irène Joliot-Curie. En 1957, il obtient un détachement pour rejoindre le CERN, où il restera finalement jusqu'à sa retraite, en 1986, et bien au-delà.

À la fin des années 1950 et au début des années 1960, Louis travaille auprès du Synchrocyclotron du CERN (SC) et, par la suite, auprès du Synchrotron à protons (PS). Lorsque, en 1963, la première cible à protons polarisés arrive au CERN en provenance de Saclay, Louis propose de l’utiliser pour l’étude, auprès du PS, des effets du spin dans la diffusion élastique pion-proton. Entre 1964 et 1966, des effets notables du spin ont pu être identifiés. Louis et ses collaborateurs ont ensuite poursuivi ces travaux avec des intensités de faisceau plus élevées, un nouveau détecteur et une nouvelle cible polarisée mise au point au CERN par Michel Borghini et son groupe.

À la fin des années 1970, au sein d’une collaboration CERN-Lausanne-Michigan-Rockefeller, Louis propose l’expérience UA6. Installée au Supersynchrotron à protons (SPS) en 1983, l’expérience, qui comprenait un spectromètre magnétique et un calorimètre électromagnétique, réalise d’importantes mesures concernant, par exemple, la distribution des gluons dans le proton, ainsi que les sections efficaces de diffusion élastique proton-proton et proton-antiproton dans la région des « petits angles ».

En 1986, Louis atteint l’âge réglementaire de la retraite au CERN, mais continue de travailler en tant que visiteur scientifique avec l’INFN/Milan. Il reste très actif, prenant part à des discussions passionnées sur de potentiels nouveaux projets et concepts de détecteur.

Expérimentateur fourmillant d’idées originales, Louis avait de grandes compétences en matière de détecteurs. Il s’efforçait sans cesse de porter les performances de ces machines à leur maximum. Il avait un penchant pour les expériences non conventionnelles, celles qui n’avaient pas forcément la préférence des théoriciens, et allait au bout de ses idées même si celles-ci n'étaient pas immédiatement admises. Il faut souligner aussi l’attention particulière qu’il portait aux jeunes autour de lui, leur apportant son soutien et encourageant les techniciens à élargir leurs compétences en suivant des cours du soir à l'université. Enfin, son bureau au CERN était une véritable merveille archéologique, jonchée de couches de documents correspondant à diverses ères de la physique.

Louis manquera cruellement aux personnes qui ont travaillé à ses côtés, comme à celles qui avaient occasionnellement avec lui des discussions sur la physique. Nous adressons nos sincères condoléances à son épouse, Line, ainsi qu’à ses deux filles, Anne-Fabienne et Emmanuelle, et à leur famille.

Ses collègues et amis


D’après la nécrologie figurant dans le numéro de novembre 2014 du CERN Courier (p. 42).