Anselm Citron (1923 - 2014)

Anselm Citron, chercheur de renommée internationale, universitaire enthousiaste et l’un des pionniers du CERN, nous a quittés le 8 décembre à l’âge de 91 ans.

 

Anselm Citron, à l’avant-plan, examinant un quadripôle pour le faisceau de muons au SC. De gauche à droite, Bengt Hedin, Marinus van Gulik et Pierre Lapostolle.

Né en Allemagne, Anselm Citron fait ses études secondaires aux Pays-Bas, où il est envoyé pour échapper à la persécution des personnes d’origine juive. Après avoir obtenu son examen d’entrée à l’université et fréquenté brièvement une école secondaire technique, il est envoyé au front à la fin de la Seconde Guerre mondiale, puis retourne à Fribourg-en-Brisgau en 1945. Il y étudie la physique sous la direction de Wolfgang Gentner, et obtient son doctorat.

Anselm Citron rejoint le laboratoire Cavendish de Cambridge en 1952 pour participer à des travaux de recherche dans le domaine de la physique des accélérateurs. Un an plus tard, il arrive au CERN, qui vient d’être fondé. Il est l’un des 12 premiers physiciens titulaires du Laboratoire, et il contribue à la construction du Synchrotron à protons. Il est alors responsable du système d’alimentation haute fréquence et du blindage faisceau. C’est à cette époque que la décision est prise de construire la colline connue sous le nom de Mont Citron, à l'extrémité du hall d'expérimentation du PS (qui est aujourd'hui le site du Linac 4). Il travaille ensuite sur le Synchrocyclotron du CERN, où il construit le premier canal de muons à focalisation forte.

En 1964, Anselm Citron est envoyé au Laboratoire national de Brookhaven, aux États-Unis, où il intègre la division Machine. Il reçoit ensuite plusieurs offres pour des postes de professeur, et décide en 1965 de rejoindre l’Université de Karlsruhe, plus précisément l’Institut für Experimentelle Kernphysik (IEKP), fondé par Herwig Schopper.

À Karlsruhe, Anselm Citron travaille notamment sur le développement de cavités supraconductrices haute fréquence, qui sont toujours utilisées de nos jours dans les accélérateurs, ainsi que sur le refroidissement par électron auprès de l’Anneau d’antiprotons de basse énergie (LEAR) au CERN. Parallèlement, il entreprend des recherches au CERN et au PSI, et obtient des résultats remarquables notamment dans les domaines suivants : mesures précises sur les atomes muoniques, pioniques et antiprotoniques ; réactions induites par les pions avec noyaux légers au CERN et au PSI ; spectroscopie des mésons avec antiprotons auprès de l’expérience du « Tonneau de cristal » au LEAR, et observation du f0(1500), candidat pour la boule de glu.

Nous nous souviendrons d’Anselm Citron comme d’un collègue hautement estimé et grandement apprécié et respecté. Scientifique de renommée internationale, il ouvrit la voie à la recherche moderne en physique des particules. Il fit également figure d'exemple pour nombre de ses collègues, en particulier pour son engagement constant en faveur des persécutés.


Helmut Koch, Thomas Müller, Herwig Schopper, IEKP


Pour une version plus longue, se reporter à l'édition de mars 2015 du CERN Courier, p. 41 (en anglais).