Il était une fois… : les femmes au CERN

En 1995, un groupe de travail était créé pour réfléchir au déséquilibre hommes-femmes au CERN. Vingt ans plus tard, celles qui avaient participé à cette initiative saluent le grand nombre d’avancées constatées par ce qui est aujourd’hui le Bureau de la diversité.

 


 

Situation en 1995 :

Ensemble du personnel : 14 % de femmes.

Catégories nécessitant un diplôme universitaire : 5% de femmes.

 


 
Photo du haut : le groupe de travail qui avait présenté un rapport à la Direction contenant des recommandations pour augmenter la part de femmes employées au CERN (1995). De gauche à droite : Maria Fidecaro, Sudeshna Datta-Cockerill, Irene Seis, Eva-Maria Gröniger-Voss et Linda Griffiths.

Photo du bas : en 2015, le groupe de travail fête les avancées de la politique en matière de diversité avec les différentes personnes qui ont participé à sa mise en œuvre. De gauche à droite : Maria Fidecaro, Geneviève Guinot, Eva-Maria Gröniger-Voss, Sudeshna Datta-Cockerill, Irene Seis, Josi Schinzel et Doris Chromek-Burckhart.
 

Situation en 2014 :

Ensemble du personnel : 20 % de femmes.

Catégories nécessitant un diplôme universitaire : 18 % de femmes.


Au début des années 1990, en amont d’une révision des Statut et Règlement du personnel, Wim Middelkoop, alors chef de la Division du personnel, avait organisé une réunion préparatoire pour décider des questions devant être abordées. Eva-Maria Gröniger-Voss, qui est aujourd’hui conseillère juridique du CERN, fut l’unique femme à prendre part à cet exercice. Elle suggéra de s’intéresser à la situation des femmes au sein de l'Organisation et de proposer des mesures visant à améliorer la parité au CERN. Il fut alors décidé de créer un groupe de travail comptant parmi ses membres des représentants des divisions du personnel et de la physique, ainsi que de l’Association du personnel. « Nous avons travaillé pendant plus d’un an à la rédaction de ce rapport, qui s’intéressait à la situation des femmes et présentait quatre types de recommandations pour l’améliorer », se souvient Eva-Maria Gröniger-Voss.

Ce rapport présentait des statistiques, renvoyait à des politiques menées par les États membres et donnait des exemples concrets de domaines où les femmes étaient sous-représentées. Les quatre recommandations (voir encadré ci-dessous) ont toutes été adoptées par la Direction au fil des ans, permettant ainsi à l'Organisation d'évoluer rapidement vers plus de modernité dans ce domaine.

En 1996, Sudeshna Datta-Cockerill a été choisie pour être la première Déléguée à l’égalité des chances du CERN. « À l’époque, je ne pouvais consacrer que 20 % de mon temps de travail à cette fonction et la priorité était donnée à la question du genre, même si le programme avait été pensé dès le départ pour avoir une portée plus large », se souvient-elle. En effet, en 2011, soit quinze ans plus tard, la politique en matière d’égalité des chances est devenue le programme Diversité, dont l’objectif est de promouvoir activement un environnement favorable à la diversité au CERN. Le Bureau de la diversité a été créé pour répondre aux nouveaux défis et le programme a été intégré à la stratégie pour les ressources humaines. « Notre objectif est d'entretenir la dynamique et de tout faire pour combler les lacunes persistantes, explique Geneviève Guinot, actuelle déléguée à la diversité au CERN. La mise en place d’un environnement favorable pour les femmes est la condition de la réussite de l’initiative dans son ensemble. Notre action ne faiblira pas. Nous allons continuer à suivre scrupuleusement la situation et tout faire pour qu'elle s'améliore encore », conclut-elle.

Les quatre recommandations

Recommandation n°1 : reconnaissance du principe d’égalité [de droit et de traitement] par le CERN comme partie de sa politique du personnel, y compris l’obligation de l’Organisation de recruter, à compétence et qualification égale, des femmes afin de rétablir les déséquilibres de représentation existants.

Recommandation n°2 : traduction du principe d’égalité dans les Statut et Règlement, complété par des mesures destinées à concrétiser ce principe dans la pratique.

Recommandation n°3 : adoption de mesures permettant de mieux concilier vie familiale et vie professionnelle - congé d’adoption, congé de naissance, congé d’allaitement, congé parental d’éducation, congé pour soigner un enfant malade, travail à temps partiel, aménagement du temps de travail (le congé de maternité est satisfaisant).

Recommandations n°4 :

  • nomination par le Directeur général d’un(e) délégué(e) à l’égalité de droit et de traitement,
  • publication tous les deux ans d’un rapport sur la représentation des femmes et leur répartition dans les différentes catégories, grades et fonctions,
  • nomination de femmes dans les différents comités, commissions et groupes de travail,
  • évaluation des fonctions traditionnellement exercées par des femmes,
  • création de nouvelles possibilités de garde d’enfants.

 

par Antonella Del Rosso