Le CERN et DESY répondent à Nature

En réaction à l'éditorial publié par le magazine Nature dans son numéro du 20 décembre dernier (n°414, p.829), le Directeur général du CERN et la porte-parole de DESY ont produit les réponses suivantes. Elles sont publiées dans le dernier numéro de Nature (n°415, p.472).
Vous pouvez consulter l'éditorial de Nature en vous rendant ici

Réponse de Luciano Maiani

Monsieur le rédacteur en chef,

Dans votre éditorial « Time to halt the gravy train » (Nature 414, 829; 2001), vous mettez en question les traitements et les avantages sociaux offerts par les laboratoires internationaux. Il est tout à fait normal que ces éléments soient examinés avec attention dans une période où le critère du coût-efficacité est au centre des préoccupations dans la plupart des institutions, mais certaines des comparaisons que vous faites relèvent d'une simplification excessive et sont trompeuses. En réalité, la belle vie n'existe plus depuis longtemps.
Par exemple, lorsque vous comparez le CERN, le Laboratoire européen pour la physique des particules, et DESY, le principal laboratoire allemand de physique des hautes énergies, qui est situé à Hambourg, vous ne tenez pas compte des différences significatives entre le coût de la vie à Genève et dans la plupart des autres villes européennes.
Comme vous le soulignez avec raison, le CERN procède périodiquement à des examens en vue de comparer l'ensemble des traitements et des avantages sociaux offerts par notre Organisation à ceux de l'industrie et d'autres institutions qui entrent en concurrence avec elle pour le recrutement des personnes possédant les compétences qu'elle recherche dans les domaines scientifiques, techniques, informatiques et autres. Dans ce contexte, le CERN est essentiellement une organisation chargée de fournir une infrastructure scientifique et d'apporter son soutien à une communauté d'utilisateurs comprenant plus de 6000 scientifiques. Mais sur les
2700 personnes qui constituent actuellement ses propres effectifs, 90 seulement ont une activité en recherche fondamentale. Nous sommes loin d'être au plus haut dans l'échelle des rémunérations et dans certains domaines de compétences nous avons en fait des difficultés croissantes à convaincre des candidats suffisamment qualifiés de quitter les marchés de l'emploi nationaux, surtout en ce qui concerne l'Europe du Nord.
Comme votre éditorial le suggère, les institutions multinationales devraient mieux gérer leurs ressources et être mieux à même de justifier leurs investissements. Il est essentiel que les niveaux de compétences et le dynamisme du personnel du CERN soient préservés pour que l'Organisation remplisse sa mission qui est celle de l'un des plus grands établissements de recherche scientifique du monde. A mon avis, les pressions budgétaires qui s'exercent sur nous et sur un grand nombre d'institutions comparables sont telles que l'un des plus grands défis que nous ayons à relever sera de rester compétitifs à cet égard.

Luciano Maiani
Directeur général du CERN
 

Réponse de Petra Folkerts, porte-parole de DESY

Monsieur le rédacteur en chef,

Dans votre éditorial sur les avantages dont bénéficieraient les scientifiques qui travaillent à l'étranger (Nature 414, 829; 2001), vous indiquez qu'un tiers seulement des scientifiques qui travaillent à DESY, le centre allemand d'accélérateurs de haute énergie, sont allemands.
C'est exact pour les scientifiques qui se rendent à DESY pour réaliser des expériences en tant que membres de l'une des quatre collaborations HERA ou dans le cadre du Laboratoire de rayonnement synchrotron HASYLAB. Mais ils ne sont pas employés par DESY. En revanche, 75,4% des scientifiques rémunérés par DESY sont allemands.
Vous dites également qu'à DESY un jeune célibataire diplômé de l'enseignement supérieur peut espérer gagner 18 500 euros (16 346 dollars) par an. Ce chiffre est inexact. Le montant correct est 40 000 euros.

Petra Folkerts
DESY