Des milliers de PC s'associent pour la science

Depuis le succès de SETI@home, de nombreux scientifiques trouvent dans les ressources publiques une puissance de calcul inestimable - et parfois le seul moyen d'atteindre leurs buts. En juillet dernier, des représentants de plusieurs projets de « calcul distribué » se sont réunis au CERN pour examiner des questions techniques et des activités de R&D liées à leur plateforme de calcul commune, BOINC.


Photo de l'économiseur d'écran LHC@home utilisant la plateforme BOINC : les points représentent des protons et la progression de la barre indique l'état d'avancement des calculs.


Cet été, le CERN a accueilli le premier atelier « pangalactic workshop » sur BOINC (Berkeley Open Interface for Network Computing). BOINC a été conçu sur la base du programme SETI@home, que des millions de personnes ont téléchargé pour contribuer à la détection d'éventuels signes d'intelligence extraterrestre dans des données radioastronomiques. BOINC offre un cadre polyvalent auquel les scientifiques adaptent leurs logiciels pour que les utilisateurs puissent les installer et les faire fonctionner. Une fonction importante de BOINC, et élément clé de sa cote de popularité, est de comptabiliser les crédits accumulés par les participants pour encourager la concurrence qu'ils se livrent, individuellement ou par équipes.

Divers projets BOINC, comme SETI@home, ClimatePrediction.Net et Einstein@home, ainsi que de nouveaux projets en cours de planification - notamment un projet de chromodynamique quantique de l'Université de Saragosse et un projet de l'Institut Tropical Suisse visant à modéliser différentes stratégies pour juguler le paludisme en Afrique - étaient représentés à l'atelier. Après un examen des questions techniques d'intérêt commun, la discussion s'est portée sur la R&D autour de BOINC et sur de nouvelles idées, telles que l'utilisation de la plateforme pour le stockage distribué ou les moyens de l'intégrer aux technologies de grille.

BOINC est utilisé dans le cadre du projet LHC@home, dirigé par le CERN, qui permet à 5000 utilisateurs de faire tourner le programme Sixtrack pour étudier la stabilité du faisceau dans le LHC. LHC@home a récemment atteint les deux téraflops, la puissance de calcul de plus de mille PC. Mais ce n'est là que la partie visible de l'iceberg, comme ont pu le montrer certains participants : ClimatePrediction.Net a récemment publié une étude des modèles climatiques ayant sollicité plus de 90 000 PC du public, et Einstein@home compte plus de 50 000 utilisateurs actifs pour analyser les données du détecteur d'ondes gravitationnelles LIGO.

Selon les participants, le calcul distribué permet non seulement d'exploiter des ressources inutilisées, mais aussi de sensibiliser le public pour qu'il participe à la recherche de pointe. Les donateurs manifestent un grand intérêt pour ces projets ; certains leur apportent même un appui technique par des mises au point et en suggérant ou développant de nouvelles fonctionnalités. Quelques-unes des conclusions de l'atelier : il faut faciliter le déploiement de BOINC pour les autres scientifiques et son installation pour le public. Il a également été convenu de définir des lignes directrices pour les projets utilisant BOINC, notamment pour encourager la publication de leurs résultats scientifiques afin de s'assurer le soutien permanent du public.