LHCb : un voyage sous haute surveillance

Arrivée à bon port pour RICH2, le plus grand des deux détecteurs Chérenkov à focalisation annulaire de LHCb !


Le convoi du RICH2, juste après son départ du bâtiment 156, son hall d'assemblage, en route vers le Point 8 et la caverne de LHCb. Sur la gauche, deux spécialistes vérifient sur ordinateur la stabilité du détecteur et repèrent les chocs.

Le samedi 19 novembre à 18 h, après plusieurs jours et nuits d'efforts, s'est achevée une opération complexe et délicate : la mise en place du détecteur RICH2 dans l'expérience LHCb.

Le détecteur RICH2 pèse 30 tonnes (70 tonnes avec son support spécial) et mesure 7,4 m de hauteur (8,7 m monté sur remorque). Mais le volume du détecteur n'était pas la seule difficulté lors de son transport, d'une extrême complexité technique, du site de Meyrin à son emplacement définitif (en souterrain, au point 8 de l'anneau du LHC).

A l'intérieur de RICH2 sont disposés des miroirs alignés très précisément, qui auront pour fonction de focaliser sur les détecteurs de photons la lumière Chérenkov créée par les particules chargées traversant la machine.

Pour éviter tout défaut d'alignement des miroirs, le convoi transportant le détecteur a dû parcourir au ralenti les 8 km du trajet. Une équipe d'informaticiens armés d'ordinateurs portables reliés à un réseau d'instruments de contrôle avait pris place dans le convoi pour surveiller la stabilité du chargement et détecter les éventuels chocs ou accélérations susceptibles de modifier la position des miroirs.

Pour limiter le risque de décharge des lignes électriques situées sur le chemin, il a fallu réduire l'intensité de la ligne haute tension de 400 kV sous laquelle devait passer le convoi. De plus, une autre ligne électrique d'environ 20 kV a dû être surélevée par des techniciens de la compagnie d'électricité afin de permettre le passage de RICH2.

Le plus grand souci était cependant d'ordre météorologique. Le détecteur aurait pu être endommagé par des vents violents et, surtout, il fallait absolument éviter toute condensation d'eau sur la surface des miroirs. Un grand volume de gaz inerte sec a donc été injecté tout au long du trajet dans l'enceinte de RICH2 afin d'éviter la formation de buée, qui aurait pu altérer le revêtement réfléchissant.

Le trajet ne s'est toutefois pas déroulé sans heurt : une avarie sur un essieu a provoqué des arrêts non programmés et l'arrivée a été reportée du mardi au jeudi soir. Heureusement, les informaticiens présents ont établi que le détecteur n'en avait pas souffert, et le convoi a pu rependre sa route.

Restait encore un exploit technique pour la nuit de vendredi : descendre RICH2 dans la cavité avec une précision de l'ordre du millimètre.


La descente de RICH2 dans la caverne souterraine a été réalisée avec une précision millimétrique.

Pour Christoph Frei, de la collaboration LHCb, « c'est une réelle prouesse, dont toutes les personnes qui ont participé au projet RICH2, de la construction au transport, peuvent être fières. »

En raison de contraintes de place et de temps, RICH2 a dû être construit à Meyrin, en dehors du site de LHCb. Sa mise en place le 19 novembre a marqué le terme d'un réel périple pour l'équipe de RICH2 et toutes les personnes collaborant au projet.


Le RICH2 arrive dans la caverne de LHCb après être descendu par le puits vertical.