Le LHC tenu à l'oeil

Nouveaux systèmes de contrôles d'accès à reconnaissance de l'oeil pour le LHC, nouvelles cartes d'accès à puce électronique, nouveau bâtiment 55 de service des cartes... La gestion des accès au CERN fait peau neuve.


Le nouveau système de contrôle d'accès à identification biométrique de l'iris ressemble lui-même à un gros oeil électronique. Il servira dès 2007 pour accéder à l'enceinte du LHC.

James Bond a du souci à se faire. Car ce que l'on ne voyait jusqu'alors que dans les films est en train de devenir réalité au CERN. Les nouveaux contrôles d'accès du LHC vont bientôt utiliser une technologie dernier cri: l'identification par reconnaissance de l'iris de l'oeil. Ce n'est donc plus patte blanche qu'il faudra montrer pour entrer dans le tunnel... Mais son oeil. Le premier sas équipé d'un tel dispositif devrait être installé au point 8 dès le mois de septembre. Progressivement, les différents puits vont en être équipés à leur tour, les uns après les autres.

Le système de contrôle par lecture de l'iris est reconnu pour être l'un des plus fiables qui existent. Mais il a surtout été choisi pour permettre un accès «mains libres» et facilitera la maintenance. «On compte actuellement 28 000 passages par semaine pour l'accès au tunnel» confie Grégory Smith, responsable de l'installation des nouveaux contrôles d'accès. «Avec un tel trafic, si on avait choisi un dispositif à empreintes digitales, il aurait fallu nettoyer les capteurs en permanence» explique-t-il encore.

Pour obtenir son sésame, l'opération ne prend que quelques secondes. «L'intérêt de la biométrie est d'authentifier le porteur du badge» poursuit Rui Nunes, responsable des systèmes d'accès. Avant de présenter son oeil, il faut donc «badger» pour déclencher l'ouverture du sas. Il suffit ensuite de présenter son oeil devant une sorte de cyclope électronique, à une vingtaine de centimètres de sa pupille joliment cerclée de rouge. Pas besoin d'enlever les lunettes, le système en tient compte. Ce n'est pas comme au cinéma, aucun faisceau luminescent ne «scanne» l'oeil. Lorsqu'on s'identifie, la machine prend tout simplement une photo. Puis, un algorithme code l'image, un peu à la manière d'un code barre. S'il correspond à celui enregistré au préalable, la porte s'ouvre, sinon il faut faire demi-tour. L'entrée en fonction de ces systèmes est prévue durant l'année 2007.



Nouvelles cartes à puce

C'est la première fois que la biométrie est utilisée au CERN pour assurer le contrôle des accès, mais ce n'est pas la seule nouveauté. De nouvelles cartes vont être graduellement distribuées. Équipées d'une puce électronique, elles comporteront plus d'informations que les précédentes et seront plus faciles d'utilisation. Il suffira de les passer à proximité du lecteur, sans même les sortir de leur étui, pour que la porte s'ouvre. Ces cartes sont d'ores et déjà en service pour accéder à la nouvelle salle de contrôle du CERN, le CCC, à Prévessin. Des puces électroniques similaires seront intégrées aux dosimètres qui feront dès lors double usage, servant à la fois de dosimètre et de carte d'accès, dans un premier temps au LHC. Ce principe sera ensuite étendu aux autres accélérateurs du CERN.

La nouvelle carte CERN est un concentré de technologie. Elle possède toujours la piste magnétique, mais intègre désormais également une puce électronique RFID (RadioFrequency IDentification). «La piste magnétique sur les cartes CERN, ce sera bientôt du passé» explique Rui Nunes. Grâce aux puces, il n'y aura plus aucun contact entre la carte et le lecteur, évitant ainsi l'usure de l'une et de l'autre. La durée de vie des cartes est ainsi augmentée. Elles seront à présent valables 5 ans à partir de leur date d'émission.

Rappelons que le port de la carte ne suffit pas pour accéder n'importe où au CERN. Il faut notamment obtenir les autorisations sous EDH et avoir validé ses cours de sécurité.

Les lecteurs de cartes pour autoriser l'accès aux différents sites du CERN vont être progressivement remplacés, et avec eux les cartes des utilisateurs, en fonction des besoins. Dès le 1er septembre, les personnes travaillant aux points 7 et 8 pourront s'y rendre pour se faire délivrer leur nouvelle carte d'accès. Pour savoir si votre carte utilise la nouvelle technologie, rien de plus facile car les nouvelles portent un petit M majuscule côté face.

Afin de faciliter l'arrivée de ces innovations, le bâtiment 55 a fait peau neuve et rouvrira ses portes début septembre, après 3 mois de travaux. Il centralisera désormais tous les services liés aux accès et à la sécurité et intègrera à terme un nouveau service helpdesk pour accompagner les utilisateurs.


De nombreuses informations sont portées sur la carte. Elle deviendra de plus en plus indispensable au quotidien. Au-delà des accès, elle servira encore à la bibliothèque et, dans un avenir plus lointain, pour se connecter à son ordinateur grâce à une seconde puce, encore optionnelle et en cours de test. Elle pourrait même servir un jour de carte de paiement au restaurant, car la technologie utilisée le permettrait. À quand la carte préparant le café?

Le saviez-vous?

La biométrie exploite certaines caractéristiques physiques différentes pour chaque individu pour l'identification des personnes. Il existe de nombreuses techniques dont les plus courantes sont les empreintes digitales, la reconnaissance du visage ou celle de l'iris de l'oeil.

L'iris de l'oeil comporte un réseau de microcanaux qui est propre à chacun. Ce dessin est indépendant du code génétique de l'individu concerné, de telle sorte que deux jumeaux possèdent des iris différents. Les deux yeux d'une même personne présentent également des dessins distincts.