David Owen Williams (1944 - 2006)



La nouvelle a attristé ses nombreux collègues et amis, non seulement au CERN, mais dans le monde entier: David Williams s'est éteint le mardi 24 octobre à l'aube, après s'être battu une année durant contre le cancer, avec la détermination et l'optimisme que nous lui connaissions.

Né en 1944, David est arrivé au CERN en 1966, sortant tout droit de l'Université de Cambridge où il avait obtenu un diplôme de physique et d'informatique. Rejoignant ce qui s'appelait alors la Division des données et des documents (Division DD), il a commencé sa carrière en travaillant sur le logiciel servant à analyser les photographies produites par les chambres à bulles. Par la suite, il a dirigé le groupe qui assurait l'appui aux expériences réalisées avec des «hybrides» de chambres à bulles et de détecteurs électroniques, puis le groupe prenant en charge le calcul en ligne pour les expériences. Il a ainsi été le témoin des extraordinaires évolutions de la physique des particules à l'heure où s'achevait l'ère des chambres à bulles et où arrivaient de puissants mini-ordinateurs compacts révolutionnant la collecte des données. Fort de cette expérience, il est devenu chef adjoint de la Division DD en 1985, puis a dirigé celle-ci, rebaptisée CN (informatique et réseaux) de 1989 à 1996. C'était l'époque où les gros ordinateurs centraux et les supercalculateurs cédaient le pas à un environnement informatique entièrement réparti pour l'acquisition, le traitement, la gestion et l'analyse des centaines de téraoctets de données produites par les expériences réalisées au CERN, l'époque du passage à un environnement d'ordinateurs de bureau raisonnablement cohérent pour les utilisateurs des installations informatiques du CERN, membres du personnel ou chercheurs du monde entier, dont le nombre dépassait 10000. C'était également l'époque où Tim Berners-Lee et ses collègues inventaient le World Wide Web au sein de cette même division. David a très activement concouru au développement général de l'Internet en Europe, non seulement en tant qu'outil de recherche scientifique, mais aussi en tant que moteur du développement économique de l'Europe dans son ensemble. Cela l'a conduit tout naturellement à occuper un certain nombre de postes au niveau européen et au niveau national (il a été président de TERENA de 1999 à 2003, membre de divers comités britanniques s'occupant de science en ligne et président du Comité consultatif sur la science en ligne du CCLRC, au Royaume-Uni). Sa vaste expérience, son énergie et ses talents de gestionnaire le désignaient tout particulièrement pour que le CERN lui confie la coordination générale de ses relations avec l'Union européenne, une fonction qu'il a occupée jusqu'au dernier jour.

Ceux qui le connaissaient savaient que David était quelqu'un de très réservé, n'aimant pas parler de lui-même, ni s'étendre sur ses problèmes personnels. Toutefois, ils ont ressenti l'immense satisfaction qu'il a éprouvée en se voyant attribuer, en 2005, le titre si bien mérité de professeur honoraire de l'Université d'Édimbourg. Bien des collègues se souviendront de lui comme d'un homme généreux et solidaire, toujours prêt à voler au secours de quiconque était en butte à des critiques qu'il jugeait injustifiées. Il avait également coutume, lors des colloques scientifiques, de poser les questions que les autres n'osaient pas soulever. Même si David avait lui-même, le plus souvent, parfaitement compris l'exposé, cela permettait à l'orateur de préciser des points qui restaient encore un peu obscurs.

En ces moments difficiles, notre pensée va à sa femme Lidy et à ses deux enfants, Mark et Marietta, ainsi qu'à leurs familles.

Ses collègues et amis