Dernier aimant sous terre

Le dernier aimant supraconducteur pour le LHC a été descendu dans le tunnel de l'accélérateur le 26 avril dernier.

La vertigineuse descente du dernier aimant: cette opération a été répétée 1746 fois en deux ans pour descendre tous les aimants de la grande boucle du LHC.

Peu d'invités à la cérémonie du 26 avril étaient rompus aux subtilités de la langue galloise. Mais, tous comprenaient intuitivement le sens de la grande banderole déployée à l'entrée du puits PMI2. Arborant l'inscription «Magned cyntaf yr LHC» (Premier aimant du LHC) depuis le 7 mars 2005, en clin d'oeil à Lyn Evans, le chef (gallois) du projet LHC, la fameuse banderole a été modifiée pour annoncer «Magned olaf yr LHC» (dernier aimant du LHC). Le jeudi 26 avril, donc, le dernier aimant, un dipôle supraconducteur mesurant 15 mètres de long, pesant 34 tonnes et estampillé du numéro 2401, a été transporté dans le tunnel du LHC sous les applaudissements des centaines d'invités conviés à cette cérémonie de la dernière descente. Le puits, PMI2 qui a spécialement été creusé pour laisser passer ces colosses supraconducteurs, a vu descendre 1232 aimants dipôles depuis deux ans, et un total de 1746 aimants.

Pierre Strubin, le chef du groupe Vide du département AT, Claude Hauviller, le chef du groupe Coordination de l'installation du département TS, Lyn Evans, le chef du projet LHC, et Robert Aymar, le Directeur général du CERN, se sont succédés au micro, rappelant les énormes quantités de composants assemblés, transportés et installés au cours des mois passés. Avant d'être descendus dans la boucle souterraine, les aimants ont été équipés de leurs écrans de faisceau, ont subi leurs derniers tests et reçu leurs dernières soudures dans le hall SMI2 abritant le puits PMI2. «45 km d'écrans de faisceau et 65000 composants ont été traités dans ce bâtiment, a indiqué Pierre Strubin. Ce hall ressemblait à une ruche bourdonnante, avec 40 personnes occupées de 7 h du matin jusqu'à 8 h du soir.»

Le transport a également constitué un défi gigantesque du fait de la quantité, de la taille et de la fragilité des aimants à transporter, mais également des délais très serrés. «Les équipes se sont ainsi relayées 7 jours sur 7, 24h sur 24, installant jusqu'à 35 aimants par semaine, alors que tout le monde, y compris moi, pensait que c'était impossible», a souligné Claude Hauviller. Près de 10000 rotations de camion ont été effectuées entre les divers sites français et suisses pour transporter les aimants.

«Cela représente 40000 km, soit presque le tour de la Terre parcouru à une vitesse de 10 km/h!», a indiqué Claude Hauviller. En souterrain, plus de 30000 kilomètres ont été parcourus à la vitesse de 2 km/h. Tous les intervenants ont souligné l'implication des équipes et l'aide des autorités locales dans cette tâche pharaonique.

L'aimant 2401 a trouvé sa place définitive dans l'UJ22, la caverne où le tunnel de transfert TI2 rejoint le tunnel du LHC.

Le dernier aimant avant sa descente dans le tunnel, avec la banderole avant qu'elle ne soit modifiée. A gauche, Claude Hauviller, chef du groupe Coordination de l'installation du département TS, s'adresse aux invités venus assister à l'événement.