ALICE se prépare à entrer en scène

Avec l’installation du support du calorimètre électromagnétique et du « mini space frame », toute l’infrastructure d’ALICE est désormais quasiment en place.




Demi-coquille de 30 tonnes en acier inoxydable austénitique, le support du calorimètre a été glissé délicatement à l’intérieur du détecteur, entre la paroi de l’aimant et le « Space Frame ».

Les deux dernières grandes installations ont planté le décor quasi-définitif de l’expérience ALICE. Il faudra encore procéder à quelques études, petites installations et prises de mesures avant d’être définitivement dans les « starting-blocks ». Mais comme le confirme Diego Perini, le chef ingénieur de l’expérience : « Depuis décembre 2007, toute l’infrastructure lourde d’ALICE est désormais en place, pour le grand démarrage.»

Ensuite, de nouveaux modules devraient venir compléter les détecteurs TOF et TRD de janvier à mars 2008. De leur côté, les physiciens ont commencé des tests avec les rayons cosmiques.

Les deux dernières installations importantes réalisées en fin d’année ont été le support du calorimètre électromagnétique et le « mini space frame » (prolongateur de câbles). Compte tenu de ses dimensions (30 tonnes pour 7 mètres de long), le support du calorimètre avait été acheminé d’Italie en deux morceaux, avant d’être assemblé au CERN entre avril et mai 2007.

Pour donner forme à cette imposante structure arrondie, les techniciens ont boulonné et soudé ensemble ces deux « demi-coquilles » en acier inoxydable austénitique. La conception de la structure a été optimisée pour présenter une forte inertie. Lorsque le calorimètre sera en place, son support devra en effet supporter presque trois fois son propre poids, soit près de 88 tonnes d’éléments actifs.

La descente et le logement dans le détecteur représentaient de grosses contraintes techniques pour l’équipe. On ne manipule pas une structure de 30 tonnes sans précaution. De nombreux tests ont été réalisés en amont, en vue de cette installation. Pour sa descente dans le puits, des passerelles ont même dû être démontées.

Puis, la pièce a été glissée délicatement à l’intérieur du détecteur, entre la paroi de l’aimant et le « Space Frame », treillis métallique soutenant les détecteurs de la partie centrale d’ALICE. Cette opération nécessitait une grande précision car, au terme des aménagements successifs, il ne restait plus guère de place dans la cavité. À un moment donné, la marge de manoeuvre entre la structure en mouvement et l’aimant ne dépassait pas quelques centimètres. Lorsqu’ils seront installés à leur tour, les 10 modules du calorimètre ne disposeront guère plus de 50 cm de largeur entre le treillis métallique (Space frame) et leur support.

Une quinzaine de jours après l’installation du support, début décembre, la mise en place du « mini space frame », grosse prise d’alimentation de 14 tonnes, constituait en quelque sorte la cerise sur le gâteau de l’expérience. Mesurant près de 10 mètres de long, ce prolongateur pour les câbles d’alimentation véhiculera tout ce qui servira à faire fonctionner les détecteurs (gaz, eau, électricité et signaux). Assis face à l’aimant, il fera la connexion entre l’intérieur et l’extérieur du détecteur.

Dernière pièce installée, le « mini space frame ». Cette prise d’alimentation géante (14 tonnes) assurera la connexion entre l’intérieur et l’extérieur du détecteur d’ALICE.

« Aujourd’hui, nous avons le sentiment du travail accompli, témoigne Diego Perini. Tout ceci n’aurait pu voir le jour sans les efforts de l’équipe ALICE au point 2, des équipes de transport et les nombreuses interventions des différents groupes, notamment TS/LEA et TS/SU. Bientôt, nous n’aurons plus qu’à poser le blindage et le spectacle pourra commencer.»