Priorité à la physique



Comme vous le savez probablement tous maintenant, le LHC redémarrera en septembre. Je sais que nous avons tous l’habitude, en début d’année, d’entendre annoncer une date pour le démarrage du LHC, puis de la voir reporter au fil des mois. Cependant, bien que nous ne puissions jamais exclure de nouvelles modifications du calendrier, nous avons de bonnes raisons d’être optimistes. Cette fois, nous avons réunis à l’atelier de Chamonix tous les spécialistes du LHC comme des expériences pour examiner chaque détail. À Chamonix, nous disposions ainsi de beaucoup plus d’informations que précédemment et nous pouvons donc considérer avec plus d’assurance que jamais auparavant que ce nouvel échéancier est réaliste et que chacun peut y souscrire.

Nous avons beaucoup appris depuis l’incident du 19 septembre. Nous avons maintenant une bien meilleure compréhension des aimants du LHC et nous savons ce qu’il faut faire pour permettre un fonctionnement sûr et fiable de la machine pendant sa première période d’exploitation pour la physique. Certains m’ont demandé pourquoi nous avons fixé le mois de septembre pour le premier faisceau – pourquoi pas plus tôt ou plus tard ? La réponse est simple. Deux activités sur le chemin critique nous empêchent de commencer plus tôt : le nouveau système de protection contre les transitions résistives (quench) doit être entièrement installé et testé avant que nous ne réinjections le faisceau dans la machine, et tout le LHC, y compris le secteur 3-4, doit être refroidi. Or, aucune des deux ne sera terminée avant septembre. Pourquoi dès lors ne pas avoir choisi une date ultérieure ? Pourquoi ne pas attendre d’avoir installé l’intégralité des nouvelles soupapes tout au long de l’anneau ? Parce que nous estimons que nous pourrons faire fonctionner la machine de manière sûre à une énergie de 5 TeV par faisceau grâce aux mesures que nous mettons en œuvre maintenant. De plus, une exploitation à 5 TeV nous permettra d’en apprendre davantage sur le LHC et nous aidera à mieux définir les mesures de consolidation à appliquer pendant la prochaine période d’arrêt.

On m’a aussi demandé si 200 pb-1, l’objectif fixé pour la luminosité intégrée (la mesure de la quantité de données que nous recueillerons lors de la première période d’exploitation du LHC), seront suffisants pour procéder à des analyses utiles. Sans hésitation, la réponse est oui. La section efficace pour une physique avec production de la particule de Higgs est beaucoup plus élevée à 5 TeV par faisceau qu’à des énergies inférieures, de sorte que, si un nouveau domaine de la physique se situe à ce niveau, nous en verrons les premiers signes lors de la première période d’exploitation du LHC.

Rolf-Dieter Heuer