Formation sur mesure aux logiciels de bibliothèque numérique

Six bibliothécaires et informaticiens du Sénégal, du Mali, du Burkina Faso, de Côte d’Ivoire et du Maroc passent actuellement plusieurs semaines au CERN dans le cadre du suivi de l’École sur les bibliothèques numériques CERN-UNESCO, qui s'est tenue à Dakar (Sénégal) l’année dernière. Durant leur séjour au Laboratoire, ils affinent leur maîtrise de la plateforme de gestion de bibliothèque numérique Invenio du CERN afin de l’utiliser pour une multitude d’applications une fois de retour dans leurs instituts respectifs.

 

De gauche à droite : Essaid Ait Allal (Maroc), Guillaume Nikiema (Burkina Faso), Eric Guedegbe (Sénégal), Fama Diagne Sene Ndiaye (Sénégal), Abdrahamane Anne (Mali) and Jens Vigen (CERN). Cécile Coulibaly (Côte d'Ivoire), qui participe également au programme de formation, ne figure pas sur la photo.

« Nous envisageons d'utiliser Invenio pour réaliser un portail qui permettra aux universitaires du monde entier de consulter toutes les thèses africaines. Nous avons besoin d’un système qui puisse rassembler des données de diverses plateformes, puis convertir les notices bibliographiques et les mettre en accès en un point central », explique Essaid Ait Allal, administrateur réseau et système à l’Institut marocain pour l’information scientifique et technique. Guillaume Rewende Nikiema hoche la tête. Exerçant la même activité qu’Essaid, mais au Conseil africain et malgache pour l’enseignement supérieur, au Burkina Faso, il partage le même besoin : rassembler des informations issues de très nombreuses sources et plateformes différentes.

« Notre objectif n’est pas vraiment le même, indique Fama Diagne Sene, chef bibliothécaire à l'Université de Bambey, au Sénégal. Tous les documents d’origine de l’administration coloniale française, correspondant aujourd’hui à huit États africains indépendants, sur une période comprise entre 1895 et 1958, sont au Sénégal. Malheureusement, ils se détériorent lentement avec le temps, sous l’effet de la chaleur ou de l’humidité. En nous formant au logiciel Invenio, nous acquérons le savoir-faire nécessaire pour numériser ces archives exceptionnelles afin de les préserver et de les mettre à la disposition des chercheurs d’Afrique et du monde entier. »

Ce ne sont là que deux exemples des projets importants et ambitieux qui sont envisagés et qui exigent une technologie de bibliothèque numérique évoluée et une formation à son utilisation. Les six bibliothécaires et informaticiens profitent donc au maximum de leur formation au CERN pour affiner leur connaissance du logiciel Invenio. « Il est essentiel d’organiser ces sessions de suivi, financées en partie par l'UNESCO, comme nous l'avions fait à la suite de l’école précédente, souligne Jens Vigen, chef des services d’information scientifique du CERN et organisateur de la formation. Nous pouvons ainsi offrir une formation approfondie aux participants sélectionnés, qui jouent le rôle d’agents multiplicateurs. Il s’agit de décideurs et de spécialistes d’établissements clés qui peuvent retransmettre à leurs collègues les contenus de la formation acquise au CERN. »

Les participants reconnaissent la grande qualité de cette formation organisée au CERN. « L’avantage d’être ici, c’est d’être assis tout prêt des personnes qui développent le système et l’utilisent chaque jour », explique Abdrahamane Anne, de l’Université de Bamako, au Mali. Et le travail d’organisateur de Jens consiste à faire en sorte que cette proximité se traduise en contacts fructueux. « Chaque fois que nous rencontrons un problème, Jens nous met en contact avec la personne compétente ou organise un atelier, ajoute Abdrahamane. Ainsi, la formation est vraiment adaptée à nos besoins. »

« C’est également une occasion d'échanger nos expériences, ajoute Eric Guedegbe, de l’Institut africain de développement économique et de planification. Parfois, nous demandons aux développeurs des choses auxquelles ils n'avaient pas pensé auparavant. Nous avons également pu participer à un atelier rassemblant des utilisateurs du logiciel Invenio du monde entier. Cela nous a permis d’être vraiment actifs au sein de la communauté internationale Invenio. »

par Joannah Caborn Wengler