D’EuCARD à EuCARD-2

S’il fallait résumer en un mot l’esprit de la conférence qui s’est déroulée au CERN, du 10 au 14 juin, on dirait sans hésiter : « collaboration ». La manifestation a rassemblé plus de 180 spécialistes des accélérateurs du monde entier à l’occasion de la fin du projet EuCARD et du lancement d’EuCARD-2, son successeur.

 

EuCARD-2 donne une dimension mondiale à la recherche sur les accélérateurs de particules afin de relever les défis liés à la nouvelle génération d’accélérateurs. Le projet, qui a débuté officiellement le 1er mai 2013, s’étendra sur quatre ans. Avec un budget total de 23,4 millions d’euros, dont huit alloués par l’Union européenne, il marchera sur les traces d’EuCARD, allant même encore plus loin en matière d’innovations. EuCARD-2 a pour but d’améliorer notablement la R&D pluridisciplinaire sur les accélérateurs européens et contribuera activement au développement d’un Espace européen de la recherche pour la science des accélérateurs en favorisant les échanges de savoir-faire complémentaires, l’enrichissement mutuel des disciplines et un partage plus étendu de connaissances et de technologies entre universités et avec l’industrie.

On notera que les objectifs d’EuCARD-2 diffèrent quelque peu de ceux d’EuCARD. Tout d’abord, EuCARD-2 est davantage axé sur les activités de réseau ; quatre lots de travaux supplémentaires seront d’ailleurs consacrés à cet aspect*. Deuxièmement, la Commission européenne a insisté sur l’importance d’une collaboration étroite avec l’industrie. L’objectif est d’ouvrir de nouvelles possibilités pour des applications dans les domaines de la médecine, de l’industrie, de la sécurité et de l’énergie, qui pourraient profiter à la société dans son ensemble. EuCARD-2 compte deux réseaux axés sur les applications (« Innovation » et « Applications pour accélérateurs ») afin de soutenir ce transfert de connaissances.

Enfin, EuCARD-2 élargit la portée de son prédécesseur. Conscient des apports bénéfiques des laboratoires et des universités de petite taille, EuCARD a attiré des partenaires très divers. Le réseau compte 40 participants de 14 pays, en majorité des universités, suivies des laboratoires exploitant des accélérateurs, d’instituts de recherche scientifiques et d’entreprises. Si la participation de l’industrie reste modeste (un seul partenaire), Maurizio Vretenar, coordinateur du projet, a toujours indiqué vouloir attirer davantage de partenaires industriels par des manifestations du type « Academia meets Industry ».

En ce qui concerne l’accès transnational, deux activités d’EuCARD-2 visent à ouvrir à de nouveaux partenaires européens trois installations d’essai de pointe pour accélérateurs : l’ICFT (Ionisation Cooling Test Facility) au STFC, l’HiRadMat au SPS au CERN, et l’installation d’essai des aimants au CERN. Quatre autres activités communes de recherche axées sur le matériel complètent le projet EuCARD-2. En ces temps décisifs pour les accélérateurs de particules, ces activités tenteront de repousser les limites technologiques des machines actuelles, du point de vue des champs magnétiques, du gradient et des technologies RF, et des matériaux pour collimateur. L’une des activités communes de recherche sera axée sur l’accélération par champ de sillage, une méthode entièrement nouvelle.

Plusieurs défis vont toutefois devoir être relevés. Alors que le nombre de lots de travaux a augmenté, le budget a suivi la tendance inverse. Par ailleurs, dans un contexte de morosité économique, les grands laboratoires tendent à considérer comme moins prioritaire la R&D sur les accélérateurs. La collaboration a donc été définie comme un élément essentiel de la réussite d’EuCARD-2. Elle sera favorisée entre les différents lots de travaux, afin de créer des synergies, mais également entre les scientifiques et l’industrie, les universités et les partenaires hors Union européenne.  

« C’est parti pour une nouvelle aventure ! », a déclaré Maurizio Vretenar aux termes de la réunion annuelle EuCARD’13, souhaitant à tous les participants beaucoup de réussite dans leurs recherches.


*Six lots de travaux d’EuCARD-2 seront axés sur les activités de réseau : Innovation, Efficacité énergétique, Applications pour accélérateurs, Faisceaux extrêmes, Anneaux de faible émittance, Nouveaux accélérateurs.

par Mathilde Chaudron, CERN, on behalf of the EuCARD-2 consortium