Entretien avec Peter Jenni

Peter Jenni, ancien porte-parole de la collaboration ATLAS, raconte les défis et les satisfactions rencontrés au cours de sa longue carrière en physique des hautes énergies dans la Newsletter du département PH du mois de juin.

 

Peter Jenni.

Après une longue carrière au CERN remontant aux années 1970 (comme étudiant d'été, boursier, puis titulaire), Peter vient de prendre sa retraite après environ 40 ans jalonnés par des découvertes marquantes (première production de l’êta-prime dans les interactions à deux photons au SPEAR (SLAC), première indication d’un charme ouvert aux ISR, jets, W et Z au SPS fonctionnant comme collisionneur proton-antiproton, boson de Higgs au LHC). Peter a été impliqué dans le LHC depuis le début, et il a été porte-parole de la collaboration ATLAS jusqu’en février 2009.

Peter Jenni continuera à travailler avec ATLAS en qualité de visiteur scientifique auprès de l’Université Albert-Ludwigs de Fribourg-en-Brisgau, et il continue à passer le plus clair de son temps dans son bureau du bâtiment 40, où Panos Charitos l’a rencontré.


Panos Charitos : Quand êtes-vous venu au CERN pour la première fois ?
Peter Jenni : La première fois, c’était comme étudiant d'été au tout début des années 1970 ; ensuite j'ai travaillé en tant que membre du groupe de l'Université de Berne sur mon mémoire de fin d’études sur une expérience auprès du SC. Il s’agissait d’une expérience qui produisait des atomes de muonium dans une bouteille magnétique. Par la suite, je suis revenu comme boursier dans le groupe de Massimiliano Ferro-Luzzi pour travailler sur ma thèse de doctorat, que j'ai finalement soutenue à l'EPFZ en 1976.

Le sujet de ma thèse était la diffusion élastique à très petits angles dans la région d'interférence Coulomb-nucléaire. Nous regardions l’amplitude de diffusion et sa partie réelle pour appliquer les résultats aux relations de dispersion, afin de prédire les sections efficaces à très hautes énergies. C’est à ce moment-là que j’ai commencé à m’intéresser à la physique des hautes énergies.

J’ai été encouragé à venir comme boursier par Charles Peyrou, chef de division du département TC et professeur invité à l’Université de Berne. J’étais souvent le seul étudiant à assister au cours qu’il donnait le samedi matin à l’Université de Berne.

Après avoir fini mon doctorat, j’ai rejoint le groupe de l’EPFZ qui travaillait sur les ISR (R702). Le porte-parole était Pierre Darriulat, et c'est aussi là que j'ai rencontré Burton Richter, qui, à cette époque, était en congé sabbatique du SLAC. Son sujet d’étude était les coïncidences électron-muon en tant que première signature de la production de charme ouvert : c’est pourquoi le groupe de Zurich a construit avec l’aide du CERN un petit spectromètre à muons pour compléter les spectromètres à électrons de R702. À cette époque, on connaissait déjà le J/ψ, mais on n’avait pas encore observé de quark charme ouvert. L’idée était par conséquent de chercher ce charme ouvert, car lorsqu’on produit une paire charme-anticharme, une paire électron-muon peut apparaître parfois dans la chaîne de désintégration, ce qui donne une signature unique.


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par PH Newsletter