Alerte au feu dans le tunnel du LHC
Un incendie entre les points 6 et 7 du tunnel et la disparition mystérieuse d’un employé ont mis les services de secours du CERN et des pays hôtes à l’épreuve. Ce scénario était factice mais la mobilisation d’une quarantaine d’hommes bien réelle.
Jeudi 21 février, à 9 h du matin, à la caserne des pompiers du CERN, c’est le branle-bas de combat. Une alarme automatique et un témoin donnent l’alerte : il y a le feu dans le tunnel du LHC, entre les points 6 et 7. Les pompiers se rendent sur les lieux et confirment la présence de fumée au point 7. Des témoins parlent d’un chariot électrique en proie aux flammes. Son conducteur est introuvable. Ne pouvant intervenir sur les deux points du LHC en même temps, les secours du CERN font appel aux secours français et suisses.
Certes bien moins spectaculaire que l’exercice précédemment organisé par la caserne du CERN, en septembre 2006, et qui mettait en scène une explosion dans la caverne du LHCb avec 20 victimes (voir le Bulletin du 23 octobre 2006), ce nouveau test grandeur nature visait à analyser l’efficacité de l’organisation d’un commandement sur une intervention tripartite.
Accueillis sur place par les pompiers cernois, les hommes du Service départemental d’incendie et de secours (SDIS) de l’Ain, du Service d'incendie et de secours (SIS) de Genève et les services de la police genevoise et de la gendarmerie Française devaient impérativement accorder leurs interventions, en un temps record, simultanément sur les deux points du tunnel. « C’est un vrai défi de coordonner le commandement d’une telle opération, commente Gérard Antoinet, un des officiers de permanence du CERN, co-organisateur de cet exercice. Il s’agissait non seulement de gérer la direction mais également la communication de secours habitués à travailler avec des moyens d’intervention différents, à la fois en surface et en souterrain.
Alors qu’un état-major opérationnel (EMO) était installé au centre des pompiers au CERN avec les commandants des secours de Genève, de l’Ain et le chef des pompiers du Laboratoire, deux postes de commandement intervention (PCI) étaient basés respectivement sur les points 6 et 7 du tunnel.
De nombreux obstacles matériels, et non des moindres, étaient à surmonter. À commencer par la gestion de la communication. Près de 3500 mètres séparent les deux points du tunnel et encore plus entre les PCI et l’EMO. Pour cette raison, un système innovant de communication par e-mail entre tous les PC en WiFi portable a été testé avec succès.
La différence des fréquences-radio utilisées par les trois services n’a pas facilité la progression coordonnée des secours. La descente du matériel puis la circulation dans le tunnel ont réservé aussi leur lot d’épreuves, connues par les intervenants CERN mais complètement nouvelles pour les invités. Les équipements habituels des pompiers (kits d’incendie et de sauvetage) ne pouvaient pas passer par les sas. Après l’installation du matériel sur des chariots, il fallait encore ouvrir les portes de blindage et se repérer dans le dédale des galeries et le tunnel.
« Si l’on avait dû partir là-dedans sans votre guidage, avec de la fumée, je ne suis pas sûr qu’on aurait pu en ressortir », avouaient des pompiers de l’Ain et de Genève à leur sortie en fin d’exercice.
Mais grâce aux efforts conjugués de toutes les forces d’intervention en présence, cet exercice a finalement été conduit avec succès. L’incendie a été vite maîtrisé et le conducteur, légèrement choqué, a été retrouvé sain et sauf.
« L’exercice nous a montré des points forts mais aussi des points à améliorer. Je suis très fier de la bonne motivation des pompiers du CERN et de leur professionnalisme tant sur les lieux d’intervention qu’au sein des salles de commandement et de communication. La voie d’une collaboration tripartite avec les services voisins est bien ouverte, il ne reste plus qu’à la poursuivre dans le futur avec de nouveaux exercices », conclut Ernst-Peter Doebbeling, chef des pompiers du CERN.