Physique des astroparticules : deuxième round pour ASPERA

Le 7 juillet à Hambourg a été lancé officiellement le programme européen ASPERA-2 dont le CERN est partie prenante et dont l’objectif principal est de créer une structure pérenne pour la physique des astroparticules en Europe. Le CERN pourrait jouer un rôle important dans cette perspective.


Vue artistique de CTA, le réseau de télescopes Chérenkov. CTA est l’un des «Magnificent Seven» et compte donc parmi les grandes infrastructures pour l’astroparticule qui devraient voir le jour dans les années qui viennent. CTA constitue la nouvelle génération d’instruments qui prendra la relève des observatoires H.E.S.S en Namibie et MAGIC dans les îles Canaries. (Crédit ASPERA/G.Toma/A.Saftoiu).

Après le succès remporté par le réseau européen pour la physique des astroparticules ASPERA-1 (voir encadré), les agences de financement étaient réunies à Hambourg le 7 juillet 2009 pour célébrer le lancement officiel d’ASPERA-2, un nouveau programme de travail de trois ans financé par la Commission européenne.

Alors que le rôle stratégique d’ASPERA et d’ApPEC (Astroparticle Physics European Coordination) est aujourd’hui bien établi, et reconnu à la fois par la communauté des physiciens et les institutions européennes, ASPERA-2 vise à consolider la collaboration et la coordination des activités en physique des astroparticules à l’échelle de l’Europe. Le tout premier appel à projet européen en recherche et développement vient d’être lancé, et ASPERA-2 devra poursuivre dans cette voie avec une série de nouvelles activités et appels à projet conjoints, et le développement de procédures communes.

Le réseau ASPERA va également mettre en place un programme de transfert de technologies et étudier les possibles synergies avec les sciences de l’environnement. Il est encore prévu d’élargir le réseau à tous les pays européens ayant un programme de recherche dans ce domaine. Pour l’heure, ASPERA-2 réunit déjà des agences de financement de 17 pays, ainsi que le CERN.

En effet, depuis de nombreuses années, le CERN est un lieu d’échanges naturel pour les physiciens des astroparticules qui sont d’ailleurs souvent d’anciens physiciens des particules. De fait, la convention qui a institué le CERN en 1954 mentionne clairement les rayons cosmiques comme partie prenante de son programme de recherche. Le rôle du CERN s’est notamment vu renforcé ces dernières années par la mise en place du statut d’expérience «reconnue» dont bénéficient aujourd’hui de nombreuses expériences de physique des astroparticules.

Au mois de mai, à l’occasion de l’atelier «New Opportunities in the Non-Accelerator Physics Landscape at CERN», des représentants des «Magnificent Seven» - les sept grandes infrastructures de physique des astroparticules planifiées pour le futur - ont exprimé leur souhait de renforcer leurs relations avec le CERN. ASPERA-2 ouvre un chantier décisif pour l’avenir et l’institutionnalisation de la physique des astroparticules en Europe, et il semble évident que le CERN pourrait jouer un rôle important dans cette perspective: statut renforcé pour les expériences reconnues? Support structurel? Contribution à la préparation et à la construction des grandes infrastructures de demain? Développement de programmes communs en R&D? Mise en place d’un groupe théorique dédié à ce domaine? Les idées ne manquent pas, et les trois années qui viennent seront l’occasion, au travers d’ASPERA, de discussions renforcées entre le CERN et les agences de financement.

Plus d'information sur le site web d'ASPERA et dans cet article du Bulletin

Le saviez-vous?


La physique des astroparticules est une science vieille de près d’un siècle: en 1912, Victor Hess découvrait l’existence des rayons cosmiques, constitués de particules venues de l’espace, d’où le nom d’astroparticule. Cependant, ce n’est que très récemment que l’objectif de ce domaine de la physique a été ciblé et résumé en sept questions fondamentales (De quoi est fait l’Univers? Quelle est la durée de vie d’un proton? Quelle est l’origine des rayons cosmiques? etc.), et cela grâce au projet ASPERA-1.

Né en 2006, ce réseau européen, réunissant 17 agences de 12 pays différents, a créé un document stratégique («Roadmap») définissant les besoins et orientations des recherches en physique des astroparticules pour les deux prochaines décennies, avec notamment la définition de sept infrastructures («Magnificent Seven») qui permettront de répondre aux sept questions fondamentales.