Oser l’excellence et propulser l’Europe au firmament de la recherche

La semaine passée, j’ai été invité à m’exprimer devant Swisscore, le bureau de liaison suisse à Bruxelles pour la recherche, l’innovation et l’éducation en Europe. Sur le thème « Oser l’excellence », il m’a été demandé d’évoquer les défis qui attendent la Commission européenne avec le 8e programme-cadre.

 

Je me suis pour cela inspiré d’Aristote, pour qui l'excellence s’acquiert par l'habitude. L’excellence n’est donc pas un acte isolé, mais une habitude acquise par la méthode et l’engagement. À ce jour, la Commission européenne compte sept programmes-cadres à son actif. Un résultat qu’Aristote aurait sans nul doute apprécié. Et comme l’excellence ne fait pas bon ménage avec l’autosatisfaction, la Commission européenne a raison de vouloir faire encore mieux.

Selon moi, la Commission européenne joue un rôle crucial en soutenant la science en Europe. Son rôle est de s’appuyer sur des programmes nationaux, pour les compléter, et non de les remplacer. C’est une mission que les programmes-cadres ont su mener à bien. Mais la Commission pourrait faire encore mieux en permettant - aussi surprenant que cela puisse paraître - à certains projets d’échouer, sans que ceux-ci se trouvent stigmatisés. Pas les grands projets phare bien sûr, mais les projets innovants au tout début de leur existence. Elle encouragerait ainsi l’imagination et les bénéfices n’en seraient que plus grands. Mais il y a encore plus important. Les fonds de la Commission européenne, à l’instar de tout financement public, devraient garantir la pérennité de la science fondamentale sur le long terme et ainsi être à la base du cercle vertueux qui unit l’innovation, la science fondamentale et la science appliquée.

Être une source d’inspiration pour un large public : voilà encore un domaine où le 8e programme-cadre peut réellement faire la différence. À l’heure où elle dépend de plus en plus de la science, la société devient dangereusement indifférente, voire hostile à l’égard de celle-ci. La science doit s’intégrer davantage dans la société, et l’Union européenne, à travers les programmes-cadres, peut servir cette ambition.

J’ai commencé par suggérer de donner un nouveau nom aux programmes-cadres, un intitulé plus stimulant pouvant constituer un bon point de départ. J’ai ainsi pensé à STAR Europe (Supporting Research And Technology in Europe). J'étais assez content de moi jusqu’à ce que l’on me fasse remarquer que la Commission avait déjà eu la même idée et organisé un concours pour trouver un nouveau nom, dans le cadre d’une vaste consultation sur le contenu du prochain programme-cadre. Malheureusement pour moi, la date limite de participation était dépassée. Mais l’essentiel est que la Commission européenne, en s’ouvrant au public et en acceptant critiques, observations et nouvelles idées pour le 8e programme-cadre ose déjà l’excellence pour la science, la technologie et l’innovation.

 

 Rolf Heuer