Colis de Sibérie

Le vendredi 14 septembre, un camion livrait en pièces détachées deux nouveaux composants pour le Linac4, l’accélérateur linéaire qui remplacera le Linac2 dans quelques années. Ces modules étaient en provenance de la Sibérie…

 

Préparation de la portée du joint qui sert à obtenir l'étanchéité au vide entre les demi-cellules composant les pièces du module.

D’ici peu, le Linac4 sera le premier module d’accélération sur le parcours du faisceau de protons du LHC. Grâce à ses quatre structures accélératrices, le faisceau sera porté successivement à une énergie de 3 MeV, 50 MeV, 102 MeV et 160 MeV. Parmi ces structures se trouve le linac à tubes de glissement à cavités couplées (CCDTL). Composé à son tour de sept modules, il se charge de monter le faisceau de 50 à 102 MeV. Le 14 septembre, les deux premiers éléments du CCDTL sont parvenus au Laboratoire, après un voyage en camion de plus de 13 000 km.

Pour assurer la sécurité du transport, les deux modules d’environ 2 tonnes chacun ont été démontés et livrés en pièces détachées. Après réception, les modules vont être réassemblés et testés au SM18. « Une équipe russe passera le mois d’octobre ici afin de monter les modules, raconte Frank Gerigk, ingénieur de projet chargé des structures accélératrices du Linac4. Pendant leur visite, nous allons répéter les essais de vide qui avaient été effectués avant leur voyage. Ensuite, nous vérifierons les caractéristiques de radiofréquence et l’alignement des modules sur leurs supports avant de commencer les premiers essais à haute puissance. » Ces derniers tests sont cruciaux et accompagnés d’une certaine impatience étant donné qu’ils n’ont pas pu être réalisés préalablement en Russie.

Suite à des problèmes d'autorisation de circulation sur le territoire helvétique, ce n'est pas un camion russe mais suisse qui a livré les modules au CERN.

« Le CCDTL est la seule structure du Linac4 réalisée entièrement par une équipe extérieure au CERN, ajoute Frank Gerigk. C’est un succès remarquable et un réel plaisir de travailler avec ces chercheurs russes. »  En effet, ce projet résulte de six ans de collaboration intense avec deux instituts russes de recherche : le VNIITF  (Russian Institute for Technical Physics) et le BINP (Budker Institute of Nuclear Physics),  spécialiste de physique nucléaire entre autres, et leader du projet. Cette association a été rendue possible grâce au soutien du Centre international de Science et Technologie (ISTC), organisation internationale fondée en 1992 pour permettre aux scientifiques spécialisés dans l’armement de réorienter leurs compétences vers des domaines pacifiques.

Deux ans et demi ont été nécessaires à la production des sept éléments du CCDTL. Un deuxième convoi acheminant deux autres modules parviendra au Laboratoire en décembre 2012, suivi de la livraison des trois derniers éléments au début de l’année 2013. Il faudra patienter encore quelques dizaines de milliers de kilomètres avant de sabrer la vodka en l’honneur du CCDTL !


par Caroline Duc