Le coin de l’ombud : Quand « dire stop » ne suffit pas

Dans un précédent article du Bulletin (voir ici), nous avons vu comment réagir face à des déclarations d’amour intempestives. L’important étant, dans ce genre de situation, de savoir dire « stop » d’une manière ferme et qui ne laisse place à aucune ambiguïté. Mais que faire si ce type de comportement persiste ?

 

Lorsqu’une situation risque sérieusement de dégénérer en harcèlement sexuel, des mesures plus radicales sont nécessaires. Le CERN ne tolère aucune forme de harcèlement. Par harcèlement, on entend « tout comportement importun portant atteinte à la dignité de la personne et/ou créant un environnement de travail hostile ». La Circulaire opérationnelle n° 9 intitulée « Principes et procédures régissant les plaintes pour harcèlement », définit de manière claire comment traiter ce genre de situation.

« Qu’est-ce que le harcèlement ? À partir de quand les compliments ou les plaisanteries deviennent-ils du harcèlement ? »

« Est-il devenu inacceptable de montrer à un ou une collègue qu'on l'apprécie? »

« N’allons-nous pas trop loin dans le politiquement correct en imposant au plus grand nombre la norme de quelques personnes ou groupes, pour imposer certains comportements et en interdire d’autres ? »

Ce sont là des questions qui reviennent souvent lorsque l'on parle de comportement respectueux sur le lieu de travail, en particulier dans un environnement multiculturel comme le nôtre.

Il n’y a pas de réponse unique à ces questions dans la mesure où chacun d’entre nous a un ressenti qui lui est propre vis-à-vis de ce qui est acceptable ou, au contraire, de ce qui le met mal à l’aise ou constitue une menace. Il s’agit de bien comprendre la différence entre « l’intention » et « l’impact » de notre comportement, et de repérer les signes d’alerte qui montrent que nous sommes peut-être en train de dépasser la ligne rouge et de ne pas tenir compte des réactions de notre interlocuteur.

Pour comprendre l’impact de nos actes, nous devons avant tout nous demander si l’autre, dans le ressenti qui est le sien, n’a pas été atteint dans sa dignité, ou humilié ou insulté par nos propos ou nos agissements. Dès lors, persister dans ce comportement alors qu’en face de nous la personne a manifestement été gênée, voire nous a explicitement demandé d’arrêter, serait contraire au Code de conduite du CERN et pourrait au bout du compte donner lieu à une plainte formelle pour harcèlement.

« Ce genre de choses ne se produit pas au CERN »…

Malheureusement, et ce n’est pas une surprise, notre environnement de travail n’est pas moins exposé qu’un autre à ce type de type de problème. Au CERN, ou en déplacement pour une conférence ou d'autres activités liées à notre travail, nous devons oser nous manifester lorsque des plaisanteries, des remarques ou des comportements nous semblent contraires au principe de respect mutuel.

Que nous soyons collègues ou simples observateurs, il est de notre responsabilité de promouvoir une culture commune qui refuse tout comportement susceptible de dégénérer en harcèlement. Dans le même temps, nous devons respecter la dignité de toutes les parties concernées en évitant de colporter des rumeurs et en faisant confiance aux processus existant au CERN pour la résolution formelle ou informelle, selon le cas, de ce type de situation.

Adressez-vous à l’Ombud sans attendre !

 


N.B. : vous pouvez retrouver tous les « Coins de l’Ombud » sur le blog de l’Ombud.

par Sudeshna Datta-Cockerill