Vers une coordination du développement des détecteurs en Europe

AIDA-2020, le plus grand projet de R&D sur les détecteurs financé par l'UE, a été lancé début juin à l’occasion d'une réunion au CERN (voir ici). Son but est de repousser les limites actuelles de la technologie des détecteurs, en partageant les infrastructures de haute qualité mises à disposition par 52 partenaires dans 19 pays.

 

Le projet AIDA-2020, financé par l’UE, qui a commencé le premier mai et durera quatre ans, a pour objectif l’échange de connaissances entre les divers groupes participant au développement de solutions technologiques innovantes pour la prochaine génération de détecteurs.

AIDA-2020 est le successeur d'AIDA, un programme de quatre ans financé par l'UE ayant pris fin en janvier 2015, qui a coordonné avec succès des travaux communs de R&D sur les détecteurs en Europe. Le programme a permis d’améliorer considérablement plusieurs des principales infrastructures de recherche en Europe, ce qui a rendu possibles des avancées significatives dans le domaine des détecteurs utilisés en physique des hautes énergies.

Le travail en réseau dans le cadre d'AIDA a porté sur deux activités principales : le développement d'outils informatiques génériques pour les logiciels de description de détecteurs utilisés pour des expériences en physique des hautes énergies, et l’étude de technologies pour des procédés d'interconnexion 3D entre capteurs et composants électroniques pour de futurs détecteurs à pixels. Ces outils informatiques sont utilisés par les collaborations participant à la conception de détecteurs pour la prochaine génération d'accélérateurs. Grâce à des technologies éprouvées, des résultats prometteurs ont été obtenus pour certains procédés d'interconnexion, ouvrant la voie à l’utilisation de pixels plus petits, même si ces interconnexions haute densité n’en sont qu’au stade de la démonstration de faisabilité.

AIDA a également créé des liens avec l'industrie des détecteurs en Europe en organisant une série d'évènements rassemblant de grands experts des secteurs de l’industrie et de la recherche. Un outil interactif a été développé, le « détecteur de collaborations » (Collaboration Spotting), qui analyse des technologies au moyen de données de publications et de brevets. Il est déjà utilisé dans des secteurs autres que la physique des hautes énergies. Le programme d'accès transnational d'AIDA a permis à plus de 690 chercheurs de visiter des installations à faisceaux d’essai et installations d’irradiation (CERN, DESY, JSI, UCL, KIT) afin d’y conduire des expériences. Enfin, AIDA a contribué, dans le cadre de ses activités de recherche conjointes, à l'amélioration et à l’équipement de lignes d'irradiation et de lignes de faisceaux d’essai. Une nouvelle installation de caractérisation de lignes de faisceaux, mise en service à Frascati (Italie), est désormais accessible aux utilisateurs. Une nouvelle installation d’irradiation par protons, nommée IRRAD, a été conçue et construite dans la zone Est du PS au CERN, et une nouvelle installation d'irradiation gamma, GIF++, récemment construite dans la zone Nord du CERN, a été équipée pour accueillir des utilisateurs. D’autres équipements ont été livrés : un nouveau télescope de trajectographie et un détecteur à gaz équipé d’un aimant solénoïde à DESY, ainsi que des infrastructures électroniques et mécaniques pour des études utilisant un calorimètre à grain fin. Des prototypes de détecteurs de neutrinos ont également été construits.

AIDA-2020 sera une continuation d’AIDA, et contribuera à renforcer les échanges bénéfiques entre les différents projets de recherche en physique des hautes énergies (LHC, ILC, CLIC, FCC et neutrinos). À l’image de son prédécesseur, AIDA-2020 exploitera le potentiel d'innovation des travaux de R&D sur les détecteurs en établissant des liens avec l’industrie européenne en vue de la production à grande échelle de systèmes de détecteurs et en développant des applications au-delà de la physique des particules, par exemple pour l’imagerie médicale. Dans le but de maximiser les progrès scientifiques dans le domaine, AIDA-2020 s’appuiera sur le programme d’accès transnational pour la mise au point de nouvelles installations de caractérisation de détecteurs. L’objectif fixé est de pouvoir offrir un lieu d’échanges en Europe concernant la R&D sur les détecteurs pour la physique des hautes énergies, et de garantir leur utilisation optimale ainsi que leur développement cohérent grâce à des installations à faisceaux d'essai et des installations d'irradiation bien équipées pour les tests sur les systèmes de détecteurs. Des outils logiciels communs, des équipements microélectroniques et des systèmes d'acquisition de données seront également fournis.
 

AIDA-2020 : accès transnational aux installations du CERN

Dans le cadre du programme d’accès transnational d’AIDA-2020, le CERN mettra à la disposition d’utilisateurs des secteurs de la recherche et de l’industrie quatre de ses installations : le PS et le SPS pour des tests de faisceau, et IRRAD et GIF++ pour des tests d’irradiation.

Le PS et le SPS fournissent des faisceaux d'essai d'une puissance allant de 1 GeV à environ 350 GeV. En amont des dispositifs d’expérimentation des chercheurs, des équipements sophistiqués situés sur la ligne de faisceau permettent de choisir le type de particule désiré, sa polarité et son énergie, ainsi que l’intensité du faisceau. L’installation d’irradiation IRRAD, située dans la zone Est du PS, offre la possibilité d’exposer des matériaux à des protons de 24 GeV/c. L’installation GIF++, située dans la zone Nord du SPS, allie un faisceau de particules chargées (principalement des muons dont l’impulsion peut atteindre 100 GeV/c) de haute énergie à une source césium 137 de 14 TBq. Le principal objectif de cette installation est d’effectuer des expériences avec des faisceaux d'essai sur des détecteurs à gaz exposés à une puissante source de rayonnement gamma. Les deux zones d’irradiation indépendantes offrent la possibilité d’effectuer des essais sur des détecteurs et composants électroniques de taille réelle.

Au-delà de la physique des particules, les installations du CERN peuvent être utiles dans bien d’autres secteurs, allant des applications spatiales à la météorologie en passant par le développement de dispositifs de surveillance des radiations, la fusion ou l’étude de la physique des plasmas. 


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par AIDA-2020 collaboration