Grand coup de balai aux ISR

Au terme de six mois de travaux, la partie des ISR allouée à la Division EP a été vidée et restaurée. La zone est prête à accueillir la construction des expériences du LHC.

Les habitués des ISR risquent d'être estomaqués en poussant la porte de l'ancien collisionneur. La partie du tunnel allouée à la Division EP (Physique Expérimentale) est désormais...vide. Il y a quelques mois, elle était livrée à un incommensurable bric-à-brac.
Car depuis plus de 20 ans, cette partie des anciens Anneaux de stockage à intersection, soit un quart de la boucle, servait d'entrepôt, pour ne pas dire de débarras. On y trouvait le meilleur, et parfois le pire : des prototypes de détecteur, des pompes vieilles de 30 ans et portant la mention 'Ne pas jeter', des planches, un beau fauteuil en velours et des centaines de racks électriques.

Aloïs Girardoz, perdu au milieu de l'immense hall des ISR qui va maintenant servir à la caonstruction des chambres à muons de l'expérience CMS.

L'audit réalisé en 1996 sur les zones de stockage des secteurs de recherches et des accélérateurs a sonné le glas de ce capharnaüm. Le rapport indiquait que la Division EP disposait de 16 000 mètres carrés de stocks au CERN. Or ces espaces s'avéraient indispensables à la construction des quatre monumentales expériences du futur LHC. Le groupe SMI (Space Management and Infrastructure) de la division a donc lancé une vaste opération de ménage.
Le plus gros morceau était sans conteste les ISR où la division EP possède 6000 mètres carrés d'espace. Le grand déménagement a débuté en avril dernier et duré six mois. 'Il y avait tant de matériel entreposé, qu'on ne pouvait pas faire entrer les engins de manutention', se souvient Alan Ball, le chef du groupe SMI. Et ce n'était pas l'unique difficulté. 'Les gens avaient tellement l'habitude d'utiliser cette zone pour stocker qu'elle se remplissait au fur et à mesure qu'on la débarrassait', raconte Aloïs Girardoz le responsable de zone du groupe SMI. De plus, les objets évacués devait être aiguillés avec circonspection, au risque de faire des malheureux.'Pour chaque objet, nous devions retrouver les propriétaires qui étaient quelquefois à la retraite, ou disparus', poursuit-il.
La plupart du matériel, sans valeur sinon parfois sentimentale, est parti comme déchet. Quelques pièces ont été conservées pour le musée, comme un morceau du détecteur UA1. D'autres 'trésors', comme des aimants, sont entreposés dans un hall métallo-textile de 700 mètres carrés édifié à l'extrémité de la zone de Meyrin. Mais le nouveau mot d'ordre est de stocker le moins possible.
Quant aux ISR, ils ont fait peau neuve : l'électricité a été refaite, le sol rénové, et le pont de levage restauré pour supporter des charges de cinq tonnes. C'est loin d'être du luxe. L'opération de rénovation a permis de réaliser de très importantes économies en évitant la construction de nouveaux bâtiments. Ce quart d'anneau servira à la construction des chambres à muons de l'expérience CMS. Une petite surface est encore dévolue à l'expérience Compass. Et l'extension du hall 184, en bordure des ISR, est déjà utilisée pour la fabrication du calorimètre à argon liquide d'ATLAS.