Le mot du DG : Dernière ligne droite pour la mise en service du LHC

À l’heure des blogs, tout se sait très vite apparemment. Lorsque Lyn Evans a présenté son exposé sur l’avancement de la mise en service du LHC, le 13 septembre, tout le monde semblait être au courant des modules enfichables, des détecteurs de position de faisceau et des émetteurs de 40 MHz intégrés dans des balles de ping-pong. Ces spéculations en ligne démontraient l’intérêt croissant pour le CERN à l’approche du démarrage du LHC. Nous entrons à présent dans la phase finale de la mise en service, et les choses se passent bien, étant donné la complexité sans précédent de la tâche.

À la suite du refroidissement, de la mise sous tension et du réchauffement du secteur 7-8 opérés cette année, nous avons beaucoup appris sur ce qu’implique la mise en service du LHC. Inévitablement, il y a eu des incidents, notamment avec les modules enfichables (PIM). Quand le LHC est refroidi, chaque secteur se contracte d’environ 10 mètres. Cette contraction est absorbée par des soufflets entre les composants et par un système de doigts de cuivre mobiles assurant la connectivité électrique le long de l’anneau. Lors du réchauffement du secteur 7-8, quelques doigts se sont tordus sous l’effet de la dilatation des aimants ; ces éléments sont en cours de réparation. Le problème est maintenant compris, et ne porte que sur une faible proportion des PIM. Pour déterminer précisément où il se produit, un système ingénieux a été mis au point. Il consiste à envoyer dans le tube de faisceau une sorte de balle de ping-pong munie d’un émetteur de 40 MHz (la fréquence des paquets de particules sur laquelle sont réglés les détecteurs de position de faisceau).

Les leçons tirées des problèmes du secteur 7-8 sont utilisées dans d’autres secteurs. Un deuxième secteur a été refroidi à 80 degrés au-dessus du zéro absolu et un troisième subit des tests de pression. Les essais des cinq secteurs restants vont débuter à raison d’un secteur toutes les deux semaines. Dans les secteurs en cours d’essai, les fuites de vide ont été circonscrites et les réparations sont en cours.

En attendant, la réparation des aimants des triplets internes du LHC est terminée. Une équipe de spécialistes du CERN, du Laboratoire Fermi, du KEK et du Laboratoire national Lawrence Berkeley a mené à bien les réparations. Trois des huit triplets ont été installés et ont subi des tests de pression concluants dans le tunnel. Les triplets restants sont en cours d’installation et d’essai.

Rien que de très normal, s’agissant de la mise en place d’un nouvel accélérateur de particules. Inévitablement, il y a des obstacles à surmonter, mais, jusqu’à présent, rien d’irrémédiable. Nous attendons tous avec impatience que le LHC produise ses premiers résultats de physique en 2008.

Robert Aymar