Gordon Munday – 1922-2008

Gordon Lennox Munday, l’un des grands noms de la physique des accélérateurs du CERN, est décédé le 28 juillet dernier.

Gordon Munday intègre le CERN en 1955, il rejoint l’équipe qui, sous la direction de John Adams, construit le PS, le Synchrotron à Protons du CERN. Il a la responsabilité de la construction du système à vide du futur accélérateur. Peu après le démarrage du PS, il crée un groupe chargé d’aider les physiciens utilisateurs à préparer et réaliser leurs expériences. Son équipe gère les zones expérimentales, calcule, puis met en place et fait fonctionner les faisceaux dans lesquels les physiciens ont installé leur équipement. Cette activité est cruciale car il s’agit à la fois d’exécuter au mieux le programme expérimental décidé par la direction, de tenir compte des contraintes techniques formulées par les ingénieurs de l’accélérateur et de satisfaire les demandes parfois contradictoires des physiciens.

Une troisième phase de sa carrière débute en 1973 lorsqu’il prend la succession de Peter Standley à la tête de la division Machine PS (MPS). Sous sa direction, le PS initialement conçu pour produire et accélérer des protons et des particules secondaires vers des zones expérimentales dédiées va se transformer en une machine à fonctions multiples. L’accélérateur devient capable de fournir des faisceaux adaptés à d’autres machines et de satisfaire des besoins insoupçonnés. Le PS devient ainsi injecteur de la nouvelle grande machine du CERN, le Super Synchrotron à Protons SPS. Le PS est également adapté à l’accélération d’ions légers, puis plus lourds et à la production des noyaux instables étudiés dans ISOLDE. C’est sous la responsabilité de Gordon Munday que se construit l’accumulateur d’antiprotons (AA). Cette machine permettra ultérieurement de réaliser le programme ppbar qui conduira à la découverte des bosons W et Z couronnée par un prix Nobel. C’est sous son mandat qu’il est imaginé d’utiliser le PS pour produire et pré-accélérer les électrons et les positons destinés à la grande machine suivante, le LEP. Enfin, et c’est probablement une partie moins connue de son action, il fait minutieusement analyser tous les aspects du fonctionnement du PS. Il lance un programme de développement et de consolidation qui permet à cette machine, conçue et construite dans les années 1950, d’atteindre une fiabilité inégalée.

Gordon Munday a manifesté tout au long de sa carrière des qualités humaines et d’écoute envers ses collaborateurs qui lui ont assuré respect et attachement. Il a contribué à développer et à maintenir l’esprit de corps des membres de sa division. En 1981, il rejoint le bureau du Directeur général et est chargé de diverses missions en relation avec la politique générale de l’Organisation et en particulier l’analyse des futurs besoins en personnel dans le contexte de restrictions que l’on sentait déjà poindre.

Parti à la retraite en 1987, il reste proche du CERN et de son personnel et accepte la présidence du GAC, le Groupement des anciens du CERN. Il sera leur porte-parole auprès des dirigeants de l’Organisation et réussira à maintenir la prise en compte de leurs préoccupations dans des circonstances qui se révéleront de moins en moins faciles.

Gordon Munday laissera le souvenir d’un scientifique et d’un responsable admirés. Nous adressons nos plus sincères condoléances à sa famille.

Ses anciens collègues et amis du PS