Pour quelques plumes et des miettes

La semaine dernière, une coupure de courant causée par une défaillance dans une sous-station électrique a fait les gros titres dans le monde entier. Ce genre de choses arrive tout le temps; en général, les médias n’y accordent pas beaucoup d’importance. Mais là, la sous-station en question alimentait une partie des systèmes cryogéniques du LHC, ce qui a immédiatement été relevé par les médias.

Qui plus est, le bruit que la coupure de courant avait pu être causée par un morceau de pain lâché par un oiseau survolant la sous-station a commencé à se répandre. Et c’est ainsi qu’une simple coupure de courant s’est transformée en une anecdote trop belle pour être ignorée. Les téléphones du Bureau de presse n’ont cessé de sonner, les journalistes exigeant de comprendre comment un morceau de pain pouvait mettre à mal la machine la plus puissante du monde. Bien entendu, rien de tel ne s’était produit, et une déclaration a été diffusée rapidement.

Nous ne connaissons toujours pas les causes de la coupure de courant, mais il est vrai que du pain et des plumes ont été retrouvés sur le site. Ce qu’il faut retenir, c’est que la température de deux secteurs du LHC a augmenté de quelques degrés lors des travaux de réparation de la sous-station, avant d’être ramenée à 1,9 K. Aucun dégât, aucun retard n’a été occasionné. Si le LHC avait été en fonctionnement, nous aurions perdu un ou deux jours de temps de faisceau, ce qui n’a rien d’inhabituel lorsque l’on utilise une installation de recherche de pointe telle que le LHC. Bien évidemment, le LHC, comme ses prédécesseurs, a été conçu pour faire face aux coupures de courant inopinées.    

La morale de cette histoire, c’est que le CERN et la physique des particules sont plus que jamais sous le feu des projecteurs. La grande aventure qu’est le LHC a stimulé l’imagination du public; le besoin d’en savoir plus sur ce que nous faisons est considérable. Les gros titres associant le LHC à des problèmes posés par un bout de pain peuvent nous déplaire. Malgré tout, il faut se rappeler que, en fin de compte, il est bon de retenir l’attention des médias: bientôt, les gros titres ne parleront plus de plumes mais de particules, plus de miettes mais de muons. Et c’est un jour que nous attendons avec impatience.

par James Gillies