Une nouvelle ressource pour toute la communauté du LHC

En janvier 2009, lorsque je me suis adressé à vous pour la première fois en ma qualité de Directeur général du CERN, je vous ai fait part de mon désir de voir la vie intellectuelle du Laboratoire s’amplifier. Les expériences accumulant des données à la vitesse grand V, il est temps que ce souhait devienne réalité.
Le CERN est connu pour être un centre d’excellence de référence au plan mondial pour la science des accélérateurs, et notre réputation en matière de mise à disposition d’installations de premier plan n'est plus à faire. Concrètement, comment se répartit le travail entre le CERN et les expériences qu’il héberge ? Pour faire simple, on peut dire que le Laboratoire fournit les faisceaux et prend en charge les différents systèmes (des zones d’expérimentation à l’informatique), alors que les expériences font la physique. Cela ne veut toutefois pas dire que le CERN n’a aucun rôle à jouer dans la vie intellectuelle des expériences. Le groupe Théorie du Laboratoire a apporté en tout temps un appui aux expériences, tandis que les physiciens, le personnel et les boursiers du CERN jouent un rôle essentiel dans ces mêmes expériences.

Maintenant que le LHC est en route, l’heure est venue d’avoir au CERN un centre névralgique consacré au programme de recherche du LHC qui soit ouvert à tous. Créé en début d’année, le Centre de physique pour le LHC au CERN (LPCC) répond à cet objectif et s’avère déjà être le lieu où les questions de physique intéressant toutes les expériences peuvent être discutées, développées et mises en application grâce à une vaste collaboration entre expérimentateurs et théoriciens. Il rejoint ainsi d’autres centres du même type comme ceux des laboratoires DESY et Fermi. Ses activités ? L'organisation d’ateliers, le développement d’outils pour la physique, la tenue de cycles de conférences pour les doctorants. Son public ? Toute la communauté du LHC. Pour plus de détails, reportez-vous à ce numéro du Bulletin, ainsi qu’au site web du LPCC.

Mais revenons à ce mois de janvier 2009. J’étais alors loin d’imaginer le temps que j’allais passer à expliquer aux cercles politiques et commerciaux les pratiques du CERN en matière de management. Comment le CERN obtient-il de si bons résultats avec des individus aux origines aussi diverses et des structures de management aussi simples, consensuelles et peu hiérarchiques ? C’est une question qui m’a souvent été posée. Comment ce système parvient-il à fonctionner de manière aussi harmonieuse alors que le laboratoire hôte est plus petit que certaines des collaborations qu’il accueille ? La physique des particules est un modèle de collaboration internationale transculturelle et le LPCC incarne lui aussi cet idéal. Il repose sur une tradition que j’ai vue se développer du temps du LEP. Avec le LEP, les expériences menées au CERN sont passées à une échelle sans précédent, tout comme la collaboration entre ces expériences. Alors qu’elles fonctionnaient comme des entités indépendantes lorsque le LEP a été mis en service en 1989, elles ont ensuite constitué des groupes de travail sur un grand nombre de questions de physique. Et lorsque le LEP a été arrêté en 2000, ce sont ces mêmes groupes de travail qui ont eu le dernier mot. Ce modèle a fait ses preuves. Partager les meilleures pratiques et combiner les résultats est, à long terme, synonyme d’une physique d’excellence, sans que l'esprit de compétition salutaire qui existe entre les expériences soit pour autant compromis. Avec le LPCC, la communauté du LHC reprend là où le LEP s’était arrêté.
Rolf Heuer