Trois nouveautés pour la dosimétrie au CERN

Les mesures de protection du personnel contre le rayonnement ionisant en vigueur au CERN sont très strictes. Dès qu’une nouvelle directive est émise par l’EURATOM, le Laboratoire met tout en œuvre pour que elle soit adoptée. Tout système étant perfectible, Pierre Carbonez et son équipe en charge du service de dosimétrie travaillent actuellement sur trois nouveaux projets visant à améliorer la protection des travailleurs professionnellement exposés aux rayonnements ionisants sur les sites du laboratoire.

 

Les deux types de dosimètres actuellement utilisés au CERN.

4 700 personnes possèdent un dosimètre individuel au CERN. Chaque mois, chacune de ces personnes doit le lire sur un des 45 lecteurs installés en divers points stratégiques sur le site du laboratoire. Chaque mois, l’équipe de dosimétrie dirigée par Pierre Carbonez échange environ 450 dosimètres pour les recalibrer et les préparer pour un nouvel usage. « Ces dosimètres sont des détecteurs passifs qui enregistrent les doses dues au rayonnement beta, gamma et aux neutrons, explique Pierre Carbonez. Grâce aux lecteurs numériques installés en 2005, nous vérifions régulièrement la dose de rayonnement gamma que chaque travailleur accumule sur site. Nous pouvons ainsi agir à tout moment pour que la dose maximale ne soit pas dépassée. » 

La dose annuelle limite de la plupart des travailleurs classés comme travailleurs professionnellement exposés du CERN est de 6mSv par an. Néanmoins, si le dosimètre montre une valeur de 2 mSv, le service dosimétrie alerte la personne concernée et son superviseur pour réduire le temps que la personne passe en zones réglementées. « Notre but est que la dose reçue soit la plus faible possible. Sur les cinq dernières années 99% des personnes ayant reçu un dosimètre n’ont pas dépassé 1 mSv par an », indique Pierre Carbonez.

Se contenter d’un bon score n’est jamais une bonne stratégie, surtout quand on parle de radioprotection. Ainsi, Pierre Carbonez et son équipe travaillent sur trois nouveaux projets dont le premier concerne la formation. « Toute personne voulant obtenir un dosimètre doit suivre un cours théorique sur la radioprotection, explique Pierre Carbonez. Nous allons modifier son contenu et sa présentation afin de sensibiliser de manière plus efficace les travailleurs des entreprises extérieures. En effet, si, en général, le personnel extérieur connait très bien l’environnement de travail des centrales nucléaires, il n’est pas forcément familier avec celui, très particulier, des accélérateurs. Ainsi, à partir de l’année prochaine, un cours pratique viendra compléter le cours théorique. »

En plus des dosimètres passifs, certaines zones nécessitent le port de dosimètres dits « actifs » qui affichent continuellement la dose accumulée, par exemple lors d’une intervention sur un accélérateur. « Actuellement, les porteurs doivent inscrire sur un log book les valeurs affichées par ces dosimètres, explique Pierre Carbonez. Les données sont ensuite enregistrées manuellement par le service Radioprotection dans les bases de données. Ce procédé sera amélioré en introduisant la lecture numérique des dosimètres. Il n’y aura donc plus de retard entre l’accumulation de la dose et l’acquisition de l’information, ce qui améliorera la protection des travailleurs contre le rayonnement ionisant et nous permettra d’obtenir de meilleures statistiques sur la répartition de dose au CERN. »

Au bout d’une année d’utilisation, tout dosimètre doit être vérifié. S’il montre une erreur supérieure à 5%, il est refusé. « Nous travaillons au projet de construction d’un nouveau laboratoire de calibration. Le laboratoire actuel est performant mais repose sur des instruments vieillissants. Or, dans le domaine de la dosimétrie, il est important de rester à la pointe de la technologie. Le nouveau bâtiment pourra abriter des équipements plus modernes qui nous permettrons de faire des mesures de calibration plus précises et rapides, conclut Pierre Carbonez. Le service de dosimétrie est agréé par les autorités suisses. Notre but est que ce laboratoire de calibration le devienne également. »

Les trois projets ont déjà été lancés et les premiers effets devraient être visibles dans les prochains mois.

 

La dose : comprenons nos limites

En Europe, la dose limite acceptée dans chaque pays est définie par les autorités et réglementée par l’EURATOM. Au CERN, dans les cinq dernières années, aucun porteur de dosimètre n’a dépassé une dose de 6 mSv. Les limites légales sont : 6 mSv pour les travailleurs de la catégorie B, 20 mSv pour la catégorie A. La grande majorité des travailleurs du CERN est en classe B, seuls environ 100 personnes sont en catégorie A : les pompiers et les membres de l’équipe de radioprotection.

Pour rappel, à titre de comparaison, la dose moyenne de rayonnement ionisant accumulée annuellement par chaque individu en Suisse est de 3.5 mSv. Un pilote de ligne sur des routes extra-européennes peut facilement cumuler une dose supplémentaire annuelle de plus de 3 mSv. Un scanner médical vous délivre en une fois une dose proche de 10 mSv. Les astronautes cumulent régulièrement des doses allant jusqu’à 50 mSv durant leur séjour dans l’espace.

 


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par CERN Bulletin