La RP fait une descente

L’arrêt technique hivernal du LHC approche à grands pas. Comme tous les ans, des milliers de professionnels investiront les souterrains du LHC et des injecteurs Linac2, Booster, PS et SPS. Pour assurer leur protection contre les rayonnements ionisants, les membres du groupe Radioprotection (RP) évalueront les niveaux de radioactivité des tunnels sitôt les faisceaux arrêtés.

 

Les membres du groupe de radioprotection avec leurs appareils de mesure.

Le 8 décembre prochain, à 7h du matin, le LHC ainsi que tous les accélérateurs en amont, entreront en phase d’arrêt technique. À 7h30, les membres du groupe Radioprotection pénétreront dans le tunnel pour établir la cartographie radiologique qui permettra à de nombreuses équipes d’y travailler en toute sécurité. « Avant de descendre, nous nous assurons toujours que les valeurs indiquées par les moniteurs de radioactivité induite en place dans les tunnels soient normales, indique Christophe Tromel, ingénieur technique en charge de la coordination opérationnelle en radioprotection des accélérateurs SPS et LHC. Habituellement, nous pouvons entrer dans le tunnel environ 30 minutes après l’arrêt des faisceaux : le temps que l’air des tunnels soit intégralement renouvelé. Nous sommes toujours les premiers sur place. »

À pied, à vélo ou en chariot électrique, les agents du groupe Radioprotection parcourent les quelques 45 kilomètres de tunnels que comptent le LHC, les accélérateurs en amont et les tunnels d’injection et de transfert. Avec leurs débitmètres, ils mesurent en permanence le taux de radiation ambiant et enregistrent les valeurs à chaque élément de la machine. Ainsi, l’analyse des 27 kilomètres de tunnel du LHC requerra la contribution de 8 personnes pendant un jour et demi.

« Nous réalisons les mesures radiologiques à l’aide de deux types de détecteurs : l’un équipé d’un scintillateur, l’autre d’un compteur Geiger-Müller. Quand le premier affiche des valeurs supérieures à 0,5 μSv par heure*, nous basculons sur le second, plus adapté pour des niveaux d’activation plus élevés, explique Nadine Conan, ingénieur technique en charge de la coordination opérationnelle en radioprotection pour les expériences du LHC et HiRadMat. Et lorsque nous passons aux abords d’un point plus radioactif (de l’ordre de quelques mSv/heure), comme une zone d’injection, d’extraction, ou de collimation par exemple, nous équipons le compteur Geiger-Müller d’une sonde spécifique de type ‘Teletector’. Cela nous permet de rester à distance de la source de radiation. »

Les accélérateurs en amont (Linac2, Booster et PS) seront cartographiés en premier lieu, les 5 et 8 décembre. Si les équipes de RP pourront accéder à la majeure partie des souterrains du LHC environ une demi-heure après l’arrêt des faisceaux, le 8 décembre, certaines zones ne seront accessibles que quelques heures après. Le SPS et ses tunnels de transfert seront, quant à eux, cartographiés plus tard, du 12 au 14 décembre.

Une fois toutes les mesures réalisées, le groupe Radioprotection dresse la « carte radiologique » des souterrains et met en place des panneaux indicateurs aux points les plus radioactifs, permettant ainsi de visualiser rapidement le niveau de radioactivité de la zone. « Pour le LHC, les cartographies évoluent d’année en année, souligne Nadine Conan. Elles dépendent de l’augmentation de l’intensité,  du type d’exploitation et des changements techniques que connaît l’accélérateur. »

En 2010, quelques dizaines de milliers d’accès aux souterrains ont été enregistrés pendant l’arrêt technique hivernal du LHC. Cette année encore, de nombreuses interventions auront lieu dans les tunnels du plus grand accélérateur du monde.

*Autour du CERN, le niveau de radioactivité (d'origine naturelle) enregistré est en moyenne de 0,1 μSv par heure.


Plus d’informations sur la radioprotection au CERN ici.

La classification radiologique des tunnels LHC est disponible ici.

 

par Anaïs Schaeffer