Une nouvelle feuille de route pour la physique des astroparticules en Europe

Après avoir présenté son premier plan d’orientation stratégique en 2008, ASPERA (AStroParticle European Research Area), réseau d’organismes de financement nationaux européens pour la physique des astroparticules, vient juste d’en publier une mise à jour. Ce document fait un tour d’horizon des activités de la communauté de la physique des astroparticules, présente des recommandations pour les futurs projets, et souligne l'importance de l’établissement de réseaux et du partage entre organismes de financement.

 

Les nouvelles orientations stratégiques de la physique des astroparticules (ApP), domaine de recherche à la croisée de l’astrophysique, de la physique des particules et de la cosmologie, ont été évoquées lors d'une réunion organisée à Paris, les 21 et 22 novembre dernier, au cours de laquelle une nouvelle feuille de route a été présentée. « Une mise à jour du plan d'orientation stratégique publié en 2008 était nécessaire en raison des progrès importants réalisés ces dernières années, explique Arnaud Marsollier, attaché de presse d’ASPERA. Dans cette nouvelle feuille de route, ASPERA fait un tour d’horizon actualisé des projets en physique des astroparticules et formule de nouvelles recommandations après avoir revu les diverses échéances. » Cette mise à jour a été très bien accueillie par les organismes de financement européens de l’ApP d’ASPERA et d’ApPEC (Astroparticle Physics European Coordination).

« Les projets prévus actuellement ont été répartis en trois grandes catégories, poursuit Arnaud Marsollier, selon leur taille et leur état d’avancement, ainsi que la date de construction prévue. On peut considérer ces catégories comme les étages d’une fusée : les expériences actuelles et les très prochaines améliorations ; les infrastructures prévues à moyen terme, dont la construction débutera d’ici au milieu de la décennie ; et les projets de grande envergure à plus long terme, qui requièrent également une approche globale. »

La première catégorie comprend les projets en cours sur les ondes gravitationnelles, la recherche de matière noire, les mesures des propriétés des neutrinos, les transformations de laboratoires souterrains et les détecteurs spatiaux. Ces projets de moyenne envergure bénéficient d’un soutien fort de la part d’ASPERA, qui encourage leur développement. La deuxième catégorie regroupe des projets de grande envergure déjà en cours et dont les premiers résultats sont attendus dans les dix années à venir. Trois projets « neutrino haute énergie » et un projet « neutrino basse énergie » relèvent de cette catégorie, dont le réseau de télescopes Tchérenkov (voir encadré), LAGUNA, KM3NeT et un projet du type Observatoire Pierre Auger dans l’hémisphère Nord. La feuille de route d’ASPERA encourage les travaux de recherche et de développement pour ces expériences et fixe les priorités.

Une troisième catégorie concerne les projets à plus long terme, essentiellement dans le domaine des ondes gravitationnelles et de l’énergie noire, comme le télescope Einstein (ET) et le projet spatial LISA. « Ces projets ambitieux vont certainement stimuler la science des astroparticules, mais ils ont besoin de temps, de R&D, de financements et de plus de partenaires pour voir le jour, fait observer Arnaud Marsollier. Et dans le cas des ondes gravitationnelles, les améliorations et l’enregistrement des données des expériences actuelles doivent être achevés avant que ET puisse entrer en opération. »

Compte tenu de la rapidité de l’évolution de la physique des astroparticules, la feuille de route d’ASPERA constituera un outil utile pour les décideurs et améliorera la coordination et la constitution de réseaux entre tous les projets à l’échelle mondiale.


Retrouvez la brochure de la feuille de route 2011 ici, et sa version intégrale ici

Le réseau de télescopes Tchérenkov (CTA)

Le projet de grande envergure le plus avancé présenté dans la feuille de route d’ASPERA est le réseau de télescopes Tchérenkov (CTA), actuellement en phase de préparation et de prototype. CTA est une initiative ayant pour objectif de construire la prochaine génération d’observatoires terrestres des rayons gamma de très haute énergie. Ce réseau prendra la relève d’observatoires actuellement en opération, tels que le H.E.S.S. en Namibie, MAGIC dans les Îles Canaries et VERITAS aux États-Unis. De tels réseaux de télescopes utilisent la technologie de la physique des particules pour étudier les gerbes de particules générées dans l’atmosphère par les rayons gamma issus des sources cosmiques.
CTA est sans conteste un projet de première importance à l’échelle mondiale dans le domaine des rayons gamma TeV. Comme prévu, CTA sera constitué d’un réseau dans l’hémisphère Sud, dont le but sera d’observer les sources galactiques, et d’un réseau dans l’hémisphère Nord, mis au point pour les observations extragalactiques. Le réseau CTA de l’hémisphère Sud pourrait regrouper jusqu’à 100 télescopes. Quelques 800 scientifiques issus de 25 pays à travers le monde ont déjà joint leurs forces pour le constituer. Sa construction devrait commencer en 2014.

 

par Fabio Capello