Une noble cause
Cette semaine, nous avons perdu le dernier des pères fondateurs du CERN, François de Rose. Coïncidence poignante, c’est cette semaine également qu'a été signé l’accord entre le CERN et l’ESA ; ainsi, l’institution que François de Rose a contribué à créer il y a 60 ans fait une nouvelle avancée sur la voie du développement de la science en Europe.
Avec François de Rose, disparu à l’âge de 103 ans, nous perdons un véritable pionnier, non seulement du CERN mais aussi de l’Europe. Mais nous pouvons être fiers du fait que, soixante ans plus tard, le CERN continue à être à la hauteur de la vision qu’avait ce diplomate de ce que l'Europe peut réaliser. François de Rose a été ambassadeur, et aussi président du Conseil du CERN. C’était un orateur inspiré, comme peuvent en témoigner ceux qui ont eu l'occasion de l'entendre il y a dix ans, à l'occasion de la célébration du cinquantenaire du CERN. Et, tout au long d’une carrière qui a couvert une bonne partie du XXe siècle, il a côtoyé des figures aussi éminentes que Niels Bohr, Pierre Auger, Edoardo Amaldi et Robert Oppenheimer. On dit parfois qu’on ne devient véritablement adulte qu’à la mort de l’un de ses parents. Cette semaine, le CERN est devenu adulte.
Et pour nous, la meilleure façon de marquer notre reconnaissance à cet homme qui vient de nous quitter est de lui faire honneur par nos actes. Je me plais à penser que notre nouvel accord avec l'ESA est quelque chose qui aurait beaucoup plu à François de Rose. Le CERN et l’ESA sont des organisations parentes à bien des égards. C’est le même esprit qui a présidé à leur création et, dans les deux cas, il s’agit d’institutions scientifiques de premier plan et d’envergure mondiale avec une âme européenne. L’ESA comme le CERN célèbrent cette année des anniversaires importants : le CERN aura 60 ans et l’ESA 50 ans. Dans nos recherches, nous nous interrogeons sur les mêmes grands mystères : au CERN, en étudiant l’infiniment petit, à l’ESA l’infiniment grand. Jusque dans nos technologies, nous devons faire face à des défis comparables. Le nouvel accord ouvre la voie à une collaboration plus étroite dans tous les domaines d’intérêt communs.
En conclusion, j’aimerais redonner la parole à François de Rose, qui disait en 2004 : « Le CERN est l’une des réalisations auxquelles je suis le plus fier d’avoir contribué. Je reste très attaché à cette institution, non seulement parce que je m’y suis fait beaucoup d'amis, mais aussi pour la noblesse de sa cause. »
Rolf Heuer
Pour ceux qui aurait manqué le message du Directeur général publié la semaine dernière, vous pouvez le retrouver ici.