Colin Ramm (1921 - 2014)

Colin Ramm, une figure marquante des débuts du CERN, nous a quittés le 23 juin.

 

Colin Ramm, CERN 1963.

Colin Ramm était né à Perth (Australie) et avait obtenu une licence de physique (mention first-class honours) à l’Université d’Australie occidentale en 1942. En 1947, il intègre l'Université de Birmingham (Royaume-Uni), où l'on est en train de construire le premier synchrotron à protons d'Europe, capable de produire une énergie de 1 GeV, et où il obtient son doctorat en 1951.

En 1954, Colin rejoint la division Synchrotron à protons du CERN, en tant que chef du groupe Aimants, chargé par la suite de l'ensemble du système d'aimants du synchrotron. Le groupe Aimants, qui devait devenir en 1961 la division Appareillage de physique nucléaire, s’est alors attelé à rendre le PS utilisable pour les expériences, et différents projets ont vu le jour sous la direction de Colin Ramm : une chambre à bulles à liquide dense, des aimants et des lentilles pour le guidage des faisceaux secondaires, des séparateurs électrostatiques, un faisceau d’antiprotons de haute énergie, un appareil de scannage pour les photographies de chambre à bulles, un système d’éjection rapide du faisceau, et enfin un faisceau de neutrinos amélioré.

La chambre de Ramm – d’un volume de 500 litres – était à l’époque la plus grande chambre à liquide dense opérant dans un champ magnétique. Terminée en 1960, elle était utilisée dans les premières expériences de neutrinos du CERN. Les séparateurs électrostatiques construits par la division de Colin Ramm ont donné au CERN des faisceaux de particules séparées parmi les plus énergétiques du monde et ont conduit à la recherche sur les principes fondamentaux du claquage haute tension. Toutefois, la division s’est rapidement consacrée essentiellement à l’amélioration des faisceaux de neutrinos. Un groupe travaillait déjà, sous la direction de Berend Kuiper et de Günther Plass, à une proposition d’extraction de protons à partir du synchrotron, quand il est apparu clairement que, au moyen du faisceau éjecté, on pouvait obtenir un plus grand flux de pions dans les zones d'expérimentation. Simon van der Meer proposa alors l'idée d'une corne magnétique, pour concentrer les pions afin qu’un encore plus grand nombre de neutrinos issus de leur désintégration soient dirigés vers les détecteurs. 

En 1972, Colin Ramm retourna en Australie pour devenir doyen de la Faculté des sciences de l’Université de Melbourne. Ayant cessé d’exercer cette fonction en 1983, il rejoignit alors l’École de physique pour, au bout de trente ans, revenir à ses premières amours : l'enseignement. Il prit sa retraite en 1988.

Il laisse une fille et un fils, qui se consacre aux sciences de la mer, un domaine cher au cœur de Colin.

 


Extrait de la nécrologie parue dans CERN Courier, nov. 2014, p. 41