Le coin de l’ombud : pleins feux sur les travailleurs de l’ombre

Il y a de nombreuses situations où un travail est effectué par quelqu'un, alors que c'est une autre personne qui en reçoit tout le crédit. Cela se produit souvent dans le domaine de la création, où des anonymes écrivent des textes, composent de la musique, élaborent des chartes graphiques, traduisent.  À l’occasion de Halloween, où les créatures invisibles sont à l’honneur, prenons un moment pour réfléchir aux contributions de tous ces travailleurs de l'ombre qui œuvrent sans relâche en coulisse dans tous les secteurs de l’Organisation.

 

Dans certains secteurs de la création, et particulièrement dans l’édition, confier à un anonyme la réalisation d’une œuvre qui sera publiée sous le nom d’un autre est une pratique courante. Le système repose sur une discrétion absolue de l’auteur anonyme, et aussi sur une confiance réciproque entre les personnes concernées. L’anonyme doit être suffisamment flexible pour être capable de s'adapter à différentes situations et différents styles d'expression selon les besoins.

Au CERN, on trouve aussi beaucoup de travailleurs de l’ombre : au sein du service Traduction et procès-verbaux, dont les membres assurent également un service très précieux de relecture de textes et de correction d'épreuves, au sein du groupe Communication, avec son équipe de rédacteurs, de graphistes, de photographes et de réalisateurs vidéo, et bien sûr également dans les collaborations, groupes de travail et réunions, où quelques individus se chargent de rédiger des propositions, des comptes rendus et des rapports pour le compte d’un groupe. Ces travailleurs de l’ombre exercent des compétences spécifiques ; il s’agit certes de rédiger, de dessiner, de faire des photos, mais toutes ces activités s’appuient sur un savoir-faire spécialisé développé au fil de longues années d'études et de pratique.

On retrouve ce genre de situation dans le cas d'un assistant administratif chargé de rédiger une correspondance, ou de préparer des présentations PowerPoint sur la base de quelques indications sommaires. Là aussi, la compétence et la connaissance du contexte exigées de ces travailleurs de l’ombre ne doivent pas être sous-estimées, ce pour quoi il est important de leur laisser le temps nécessaire pour ces tâches.

Parfois l'auteur du travail est cité, parfois aucun nom n'est indiqué, ou bien c'est le nom d'une autre personne qui apparaît. Disons-le, il n’y a rien d’anormal à ce que certains travaux soient effectués de façon anonyme ; il peut s'agir d'une pratique utile où les deux parties sont gagnantes. Le travailleur de l’ombre opère en coulisse, sachant que l'importance et la valeur de sa contribution sont appréciées à leur juste mesure.

L'ampleur de la contribution peut varier ; il peut s’agir simplement de fournir l’idée de départ ou bien au contraire d'effectuer l’essentiel du travail. Dans les deux cas, n’ayez pas peur d'avoir affaire à ces ombres, qui n'ont rien de menaçant. Je dirais même plus, si l'on vous demande d'effectuer un travail créatif et que vous ne vous sentez pas en mesure de le faire, n’hésitez pas à demander l’aide d’un de ces anonymes.  Et inversement, si vous avez des talents cachés, n’hésitez pas à offrir vos services à vos collègues ! Il n’y a pas lieu de redouter ce qui se trame dans l’ombre ; au contraire, l’expérience prouve que ce type de pratique permet de mettre en commun différentes ressources et de tirer parti au mieux de la diversité des talents qu’on trouve dans le milieu professionnel.

L'important, dans ce jeu d'ombres et de lumières, est de reconnaître et d’apprécier les contributions de tous, même des invisibles.


N.B. : vous pouvez retrouver tous les « Coins de l’Ombud » sur le blog de l’Ombud.

par Sudeshna Datta-Cockerill