Le coin de l’Ombud : un monde sans mensonge ?

Un monde sans mensonge est-il possible ? Existe-t-il différents types de mensonges, certains plus acceptables que d’autres, ou bien cette façon de voir n’est-elle qu’une façon de se justifier ? Quelles conséquences le mensonge a-t-il sur l’environnement de travail ? 

 

Si j’ouvre un dictionnaire au mot « mensonge », je trouve la définition suivante : « Assertion sciemment contraire à la vérité, faite dans l’intention de tromper ». Une définition assez simple, mais parlante quand on se trouve pris dans une situation conflictuelle et que l’on a l’impression que le mensonge a joué un rôle : un superviseur qui présente des faits de manière différente selon ses interlocuteurs ; un collègue qui ne communique pas une information qui pourrait être utile aux autres ; un compte rendu inexact ; une rumeur qui se propage mais qui ne peut pas être vérifiée.

Pierre a très envie de diriger un projet déterminé. Il en parle à Philippe, son superviseur, qui lui explique qu’en fait il a déjà parlé de lui au comité. La candidature de Pierre n’est pas retenue. Pierre fait part de sa déception à Charles, membre du comité, et apprend avec surprise que son nom n’a jamais été évoqué. Qui doit-il croire ?

Parfois, le mensonge n’est pas explicite et n’est découvert que lorsque les conséquences d’un acte sont révélées ; c’est alors que la personne trompée se rend compte qu’elle a été délibérément induite en erreur :

Carlo doit désigner un chef de projet pour remplacer un collègue parti à la retraite récemment. Il voit là l’occasion de réorganiser son équipe et de demander à tous ses collègues de lui faire savoir s’ils sont intéressés. François et Jane se manifestent et Carlo les remercie pour leur engagement. Le même après-midi, tous les membres du groupe reçoivent un courriel dans lequel il est indiqué que Mats, jeune ingénieur d’un autre département, a été nommé au poste. Interrogé à ce sujet, Mats explique que cela avait été convenu il y a déjà plusieurs semaines.

Une omission (ne pas dire toute la vérité sur une situation), peut aussi être perçue comme un mensonge, ce qui peut avoir des conséquences délétères :

Marc informe Anna qu’il leur a été demandé de publier un rapport d'activité sur le projet qu’ils mènent conjointement. Il rédige le rapport et le lui envoie le jeudi, pour commentaire. Anna se rend compte que le travail de l’équipe dont elle est responsable est mal représenté et passe son week-end à revoir le rapport. Lorsqu’elle le renvoie à Marc le lundi matin, il lui répond que la date limite est dépassée et que le rapport a déjà été publié.

Enfin, il existe des mensonges insidieux, fondés sur des rumeurs aux origines obscures, qui se propagent et ont des effets durables :

Hélène est déçue de ne pas avoir été proposée pour une promotion et demande des explications à Susan, sa chef de groupe. Susan lui rappelle qu’il s’agit d’une décision collégiale et lui dit : « Je ne t’ai pas proposée car je savais que les autres s’y opposeraient » ; et elle ajoute : « Ils ont tous une mauvaise image de toi ».

Quel que soit le mensonge, et peu importe que l’assertion soit totalement ou partiellement fausse, ce qui compte vraiment, c’est l’impact qu’elle a sur les personnes concernées et ce que l’on peut faire pour réparer les dégâts.

Remettre en cause une assertion fausse en essayant de comprendre sa source peut s’avérer constructif dans le sens que cela peut être un moyen de dissiper des malentendus et peut-être même de rétablir la relation et de faire renaître la confiance.

Toutefois, si, comme le dit la définition du dictionnaire, l’intention est de tromper, il va s’avérer extrêmement difficile d’établir la vérité sans la bonne foi des deux parties. Néanmoins, il est toujours possible de parler du problème avec la hiérarchie ou de faire appel à la médiation ou à un processus plus formel afin que la vérité soit rétablie. Cela sera sans doute ardu, car prouver qu’une déclaration est fausse n’est pas chose facile.

Il y a déjà quelque chose que chacun et chacune d’entre nous peut s’efforcer de faire, c’est de ne pas céder à la tentation de propager des mensonges. Par exemple en s’abstenant de faire circuler de fausses informations ou de colporter une rumeur. Un monde sans mensonge est peut-être impossible, mais nous pouvons tout au moins refuser d’entrer dans le jeu et choisir la voie de l’intégrité.
 

Adressez-vous à l’Ombud sans attendre !

 


N.B. : vous pouvez retrouver tous les « Coins de l’Ombud » sur le blog de l’Ombud.

par Sudeshna Datta-Cockerill