ATLAS, premier bouchon en place

Le premier bouchon de l’aimant toroïdal d’ATLAS a été descendu dans la caverne de l’expérience, trois semaines après avoir quitté son hall d’assemblage.

Au terme d’un périple technique et d’une descente de 80 mètres, l’immense bouchon de l’aimant toroïdal d’ATLAS a été installé dans la caverne de l’expérience.

Gérard Mouquin se prépare à piloter la descente du bouchon de l’aimant toroïdal d’ATLAS.

Le bouchon de l’aimant toroïdal d’ATLAS se glisse lentement dans la caverne, entre le corps du détecteur et ses huit bobines toroïdales du tonneau (à gauche) et les grandes roues des chambres à muons (à droite).

Mercredi 13 juin, il n’est pas loin de minuit lorsque les équipes d’installation d’ATLAS, de PH-ATI et de TS peuvent enfin souffler. Au terme de plus deux heures d’une délicate descente, le gigantesque bouchon de l’aimant toroïdal s’est posé dans la caverne. C’est avec une marge de 10 centimètres de chaque côté et une précision de 2 millimètres qu’il s’est glissé entre les roues des chambres à muons et le reste du détecteur - le terme d’une périlleuse aventure technique.

Le 29 mai dernier, l’aimant de 13 mètres de haut et de 240 tonnes parvenait devant le bâtiment d’ATLAS (voir Bulletin 24-25/2007). Mais il a fallu attendre six jours de plus pour que l’aimant pénètre dans le hall. Une pente, devant le bâtiment, servant à collecter et évacuer les eaux, empêchait la manœuvre et a nécessité de combler le bassin et d’y placer des drains. Le colmatage étant rendu instable par les intempéries, des blocs de bétons ont été disposés de côté. Pour renforcer ce dispositif, des plaques d’acier ont été posées sur les remblais, surélevant la structure de quelques centimètres. « De ce fait, une poutre de l’avant-toit du hall a été découpée pour faire passer l’aimant », explique Arnaud Foussat, chef de projet de l’installation du bouchon de l’aimant toroïdal d’ATLAS. Une portion de 5 mètres entre le haut de la porte et le toit avait préalablement été enlevée.

Mais les difficultés ne s’arrêtaient pas là. Après son entrée dans le bâtiment, le bouchon de l’aimant a été fixé sur deux portiques de la société SCALES, de chaque côté des puits, à l’aide d’une grue mobile. Porté par ces deux portiques, il a traversé le hall en position basse, à 2 centimètres du sol, pour atteindre le deuxième puits, situé côté Genève. Cependant, le bouchon est trop haut par rapport au pont roulant (de 2x140 tonnes) utilisé pour la descente. « Le bâtiment n’a pas été conçu plus haut en raison des règles liées à l’environnement », explique François Butin, responsable de la zone expérimentale d’ATLAS. Afin de pouvoir le fixer au pont roulant, le bouchon a été suspendu au-dessus du puits par les deux portiques. Puis grâce à un système de vérins, il a été abaissé de 5 mètres. Ainsi à la bonne hauteur, il a pu être fixé au pont roulant et la descente a pu commencer pour s’achever 80 mètres plus bas, sur les rails du chariot de réception.

Le bouchon de l’aimant toroïdal est certainement la pièce du détecteur la plus difficile à transporter et elle aura donné du fil à retordre aux équipes d’ATLAS. Il est prévu de renouveler toute l’opération le 12 juillet pour le deuxième bouchon, mais les équipes sont maintenant rodées et, selon François Butin, « cela ne devrait pas poser autant de problèmes. » Cela fait longtemps que cet événement se prépare. Toutes sortes de scénarios ont été envisagés. Le toit avait même été conçu pour être démonté. La pièce aurait alors été apportée à l’aide d’une gigantesque grue. Mais cette solution s’est finalement avérée bien trop onéreuse. Et, rétrospectivement, démonter le toit protégeant ATLAS en ce mois de juin pluvieux n’aurait pas été très heureux...