Des éclairs plein les yeux

Ancien physicien du CERN, l’astronaute suédois de l’ESA Christer Fuglesang a effectué son premier séjour dans l’espace en décembre dernier. Le 14 juin, il est venu faire part de son expérience spatiale à ses anciens collègues du CERN.

Christer Fuglesang lors de l’une de ses sorties dans l’espace en décembre dernier pour améliorer la construction de la station spatiale internationale. Crédit photo : NASA

Christer Fuglesang (à gauche) et sa famille visitent l’expérience ATLAS, guidés par Peter Jenni, le porte-parole de l’expérience (à droite).

Un astronaute fait-il un bon détecteur de rayons cosmiques ? Un physicien des particules est sans nul doute le candidat idéal pour répondre à ce genre de question. Christer Fuglesang peut se targuer de cumuler les deux compétences : ancien physicien du CERN, il est astronaute de l’Agence spatiale européenne (ESA) depuis 1992. En décembre dernier, il a effectué son premier vol spatial à bord de la navette américaine Discovery, séjournant 12 jours à bord de la Station Spatiale Internationale (voir Bulletin n°01-02-03/2007). Lors de ce voyage spatial, il a mené des expériences sur les rayons cosmiques. Il est venu au CERN le 14 juin dernier pour témoigner de son expérience, donnant une conférence sur ses travaux et visitant l’expérience ATLAS sur laquelle il avait travaillé.

À la fin des années 1980 et au début des années 1990, Christer Fuglesang a en effet été impliqué successivement dans les expériences UA5, CPLEAR et ATLAS. « J’ai toujours continué à suivre ce qui se faisait au CERN et regardé dans la presse les belles images des expériences », confie Christer, avouant cependant que sa vie d’astronaute lui laisse peu de temps pour lire des publications scientifiques. Si donc il savait à quoi s’attendre en descendant dans la caverne d’ATLAS, il a expliqué avec beaucoup d’enthousiasme combien il avait été impressionné de découvrir l’expérience.

Christer n’a d’ailleurs pas complètement abandonné ses premières amours. Devenu astronaute, il a voulu combiner son intérêt pour la physique des particules avec son nouveau métier. Il s’est ainsi rapproché des physiciens de l’expérience SILEye, installée à bord de la station spatiale MIR, dont le but était d’étudier le curieux phénomène des éclairs lumineux observés par certains astronautes en vol. « 80 % des astronautes déclarent avoir vu de tels éclairs », explique-t-il. Connu depuis les missions lunaires APOLLO, ce phénomène est causé par les rayons cosmiques. Mais le mécanisme précis est encore mal compris. Il pourrait résulter de plusieurs effets parmi lesquels des interactions directes avec la rétine ou des rayonnements Chérenkov... « Les rayonnements Chérenkov se produisent seulement en très faible quantité », souligne Christer. Les éclairs observés par les astronautes sont en effet très rarement bleus, couleur typique des rayonnements Chérenkov. Les quelque cent éclairs qu’il a lui-même perçus durant son vol étaient tous blancs.

Christer a donc étudié ces éclairs, travaillant avec les expériences ALTEINO et ALTEA. Elles combinent notamment un électroencéphalogramme et un détecteur de rayons cosmiques conçu comme un casque pour enregistrer les événements se produisant au plus près des yeux de l’astronaute. Il s’agit ainsi de corréler les réactions physiologiques avec des événements. Ces recherches, visant à mieux comprendre les effets des rayonnements cosmiques sur l’organisme, seraient utiles dans la perspective de vols vers la Lune ou même Mars.

Christer espère bien revoler dans les deux à trois ans à venir, et pourquoi pas pour un vol de longue durée. Il serait également bien partant pour se rendre sur la Lune d’ici à une quinzaine d’années. Bien sûr, il sera à la retraite, mais « avec les risques liés aux rayonnements pour des missions longues sur la Lune, mieux vaut envoyer là-bas de vieux astronautes ! », plaisante-t-il.

La conférence que Christer Fuglesang a donné au CERN peut être visionnée à :

http://webcast.cern.ch/indico/2007/conf-a07120.ram