Le LHC démythifié... ... ou comment balayer les peurs autour de l’accélérateur

Le démarrage du LHC approchant, d’aucuns s’inquiètent des dangers d’une machine aussi puissante. Voici quelques clés pour calmer les esprits...

Dessin de Rafel Carreras paru dans son ouvrage « Quand l’énergie devient matière... » Cet ouvrage explique de manière simple et ludique la physique des particules avec les notions d’échelle et d’énergie. Il est en vente à la réception du CERN, pour la modique somme de 5 CHF.

Votre voisin pense que les collisions du LHC vont transformer le pays de Gex en emmental géant ? Vous recevez des messages électroniques étranges dans lesquels on vous explique que vous allez être englouti(e) par les trous noirs dans l’accélérateur ? Certes, vous savez bien que ce n’est que pur fantasme, mais que répondre ? D’abord, lisez ces quelques explications :

Vous ne serez pas détruit(e) par un big bang...

L’énergie contenue dans chaque faisceau du LHC est en effet importante, équivalente à un train TGV circulant à 150 km/h. Mais chaque faisceau contient 100 milliards de particules, et seules quelques-unes s’entrechoqueront lorsque les faisceaux se croiseront. Au final, une infime partie de cette énergie sera ainsi libérée lors des collisions. On a l’habitude de comparer 1 TeV à l’énergie d’un moustique en vol. L’énergie de deux protons qui s’entrechoquent dans le LHC correspond donc à celle d’une dizaine de moustiques. En quoi cet accélérateur est-il donc plus exceptionnel qu’un gigantesque élevage de moustiques ? Ce qui est exceptionnel, c’est de concentrer cette énergie dans un espace minuscule, plus petit que l’atome, en réalité dix mille milliards de fois plus petit que le moustique en question. C’est ainsi que dans cet espace infiniment petit, l’accélérateur peut recréer des densités d’énergie proches de celles qui prévalaient juste après le big bang.

... ni avalé(e) par un trou noir...

Le LHC peut théoriquement produire des trous noirs, mais... microscopiques ! Leur énergie serait la même que celle des collisions, s’évaluant donc en quelques...moustiques. Ne pouvant générer une force gravitationnelle suffisante pour attirer de la matière, à l’instar de leurs cousins géants de l’espace, ces mini trous noirs n’existeront qu’un instant fugace. A vrai dire, la Terre est bombardée depuis sa formation – environ 4,5 milliards d’années - par des rayons cosmiques (particules) provenant de l’espace et dont les énergies sont bien supérieures à celles produites dans le LHC. La Terre n’a de toute évidence pas été endommagée par tous les mini trous noirs qui auraient dû être créés naturellement !

... et certainement pas contaminé(e)

Le LHC produira certes un peu de radioactivité, mais confinée dans le cœur des expériences et au niveau l’arrêt de faisceau et qui ne sera pas détecté en surface, 100 mètres plus haut. Dans tous les cas, la radioactivité générée au CERN est incomparable à celle d’une centrale nucléaire ! Comme on l’a vu avec nos moustiques, les accélérateurs produisent une petite énergie, mais concentrée dans un espace tellement minuscule que cette énergie est en réalité immense à cette échelle subatomique. Les centrales électriques doivent au contraire produire beaucoup d’énergie pour alimenter des dizaines de milliers de foyers en électricité. La quantité de radiations est donc sans commune mesure, et il en va de même avec leur qualité. Certains des éléments radioactifs issus du cœur d’une centrale nucléaire émettent des radiations pendant plusieurs milliers voire plusieurs centaines de milliers d’années. La plupart des radionucléides produits dans des accélérateurs ont des durées de vie inférieures à quelques dizaines de minutes. Et les moins fugaces appartiennent à la catégorie dite de « très faible activité », avec une demi-vie inférieure à quelques années. Néanmoins, même si elle est faible, la radioactivité générée au CERN est extrêmement contrôlée, non seulement par le Laboratoire lui-même, mais par des contrôleurs des autorités habilitées de la Suisse et de la France.

Si ces questions ne répondent pas aux inquiétudes de vos proches, voisins ou contacts électroniques, le groupe de Communication du CERN vous conseille de :

- Consulter les pages suivantes :

www.cern.ch/environment/
public.web.cern.ch/public/Content/Chapters/AboutCERN/CERNFuture/LHCSafe/LHCSafe-en.html

- Consulter les études sur la sécurité des collisions à haute énergie en Europe et aux Etats-Unis réalisé par un groupe de physiciens. Ces analyses ont de surcroît été évaluées par des experts indépendants. Ces rapports peuvent être téléchargés aux adresses suivantes :

http://cds.cern.ch/record/403566/files/9910333.pdf

http://cds.cern.ch/record/613175/files/p1.pdf

Et si vraiment toutes ces explications ne suffisent pas, ce groupe de physiciens peut être contacté à l’adresse suivante :

Lsag@cern.ch