Stephen Myers - Davantage de collaboration pour les accélérateurs

Stephen Myers a été nommé directeur des accélérateurs et de la technologie. Sa priorité absolue est de faire fonctionner le LHC cette année, mais il a également la tâche difficile de répartir les ressources entre la physique hors LHC, les nouveaux projets et la consolidation des accélérateurs existants.



Stephen Myers, anciennement chef du département Accélérateurs et faisceaux (AB), est maintenant responsable de toutes les activités liées aux accélérateurs et à la technologie au CERN. En tant que directeur des accélérateurs et de la technologie (une fonction qui vient d’être rétablie), il chapeaute les départements Faisceaux, Technologie et Ingénierie.

«Il y a plusieurs bonnes raisons pour qu’une seule personne soit responsable des accélérateurs et de la technologie au CERN, explique Steve Myers. La première est que cette structure favorisera la collaboration entre les trois départements et offrira la possibilité de redéployer des ressources. Bien sûr, les chefs de département et moi-même nous réunirons régulièrement. S’il survient des problèmes, nous pourrons nous y attaquer ensemble, en tant qu’équipe, pour trouver une solution.» Actuellement, la Direction du CERN cherche à accroître la consultation et la transparence entre tous les départements.

En tant que directeur des accélérateurs et de la technologie, Steve Myers aura à sa charge les projets en cours comme à venir et devra veiller à la bonne exploitation des accélérateurs existants. «La grande priorité est bien sûr de produire des collisions et d’obtenir des résultats pour la physique au LHC cette année», souligne-t-il. Steve Myers assure que les nouveaux systèmes de protection en cours de développement élimineront tout risque d’un incident tel que celui qui s’est produit dans le secteur 3-4 en septembre dernier.

« Mais ce n’est pas tout: nous devrons aussi mener à bien le programme de physique hors LHC, notamment le CNGS, Rex-Isolde et l’AD, qui eux aussi revêtent une très grande importance. À plus longue échéance, nous travaillons au relèvement de la luminosité du LHC (sLHC), qui exige de construire de nouveaux quadripôles d’insertion et le Linac 4. Des études techniques sont également en cours pour le remplacement de l’ancienne machine PS et du synchrotron injecteur par un synchrotron de plus haute énergie (PS2) et un linac à protons supraconducteur (SPL).»

La construction du premier élément de la nouvelle chaîne d’injection (le Linac 4) étant en cours, Steve Myers doit répartir adéquatement les ressources entre les nouveaux projets, sans négliger la maintenance et les réparations de l’ancienne chaîne d’injection. Ce n’est pas une mince affaire si l’on songe à l’âge des injecteurs: le PS aura 50 ans cette année, et le SPS comme le Linac 2 ont plus de 30 ans!

«Nous devons allouer suffisamment de ressources à la consolidation du complexe d’accélérateurs pour réduire le risque de défaillance d’éléments critiques, mais nous devons aussi prendre des mesures pour raccourcir autant que possible le temps de réparation en cas de panne, explique Steve Myers. Depuis plus de trois ans, nous menons des analyses détaillées des risques liés à tous les accélérateurs du CERN. Deux facteurs importants sont pris en considération: la probabilité d’une défaillance d’un élément et la durée d’arrêt des machines qu’elle entraînerait.» Un facteur clé de cette stratégie de maintenance est l’identification des éléments qui requièrent le plus d’attention sans gaspiller de ressources. Par exemple, jusqu’au démarrage du Linac 4, en 2013, il est essentiel que le Linac 2 continue à fonctionner avec un haut niveau de fiabilité. Dans ce cas particulier, il serait trop onéreux de produire toutes les pièces de rechange. Aussi a-t-on préféré en produire un minimum et établir des procédures pour réduire sensiblement le temps de réparation.

Une autre tâche importante de Steve Myers est de poursuivre le développement des futurs accélérateurs. L’un des objectifs de la nouvelle direction est de diversifier davantage la physique hors LHC. «Cela impliquera de collaborer avec d’autres laboratoires d’autres continents, comme l’Amérique et l’Asie», explique-t-il.

Le premier grand pas vers une collaboration planétaire dans le domaine des accélérateurs remonte à la construction du LHC, mais on peut faire beaucoup plus. Une possibilité serait de suivre l’exemple des collaborations travaillant sur les détecteurs. «Par le passé, les équipes du CERN ont construit des accélérateurs presque toutes seules, alors que, dès l’époque du LEP, des collaborations internationales réalisaient des détecteurs. Je pense que nous pourrions nous en inspirer», estime Steve Myers. Une collaboration à l’échelle planétaire sera essentielle pour réaliser le prochain grand projet d’accélérateur du monde, très probablement un collisionneur linéaire. En fait, les deux concepts candidats, le CLIC (développé au CERN) et l’ILC, font déjà l’objet d’une collaboration étroite et le Directeur général rencontrera d’autres directeurs de laboratoire pour définir un cadre propice à la création de nouvelles collaborations pour les accélérateurs.

Le parcours de Stephen Myers

Fort de 37 années d’expérience au CERN, au cours desquelles il a travaillé pour les ISR, le LEP, le SPS et le LHC, Stephen Myers en sait long sur les accélérateurs du CERN.

Stephen Myers est arrivé au CERN en 1972, en tant qu’ingénieur responsable de l’exploitation des anneaux de stockage à intersections (ISR), pour lesquels il a travaillé 7 ans. À partir de 1979, il a travaillé pour le LEP, auquel il a consacré la plus grande partie de sa carrière. Pendant dix ans, il a participé à la conception de cette machine, puis il a pris en charge sa mise en service. Il est ensuite devenu chef adjoint de la division SPS-LEP (SL), chargée de préparer le collisionneur LEP pour la physique dans les années 90. Il a été chef de projet pour le relèvement de l’énergie du LEP (LEP2) entre 1996 et 2000. En l’an 2000, il est devenu chef de la division SPS-LEP (SL), avant de prendre la tête du département Accélérateurs et faisceaux (AB) en 2003.