Johannes C. Sens 1928 – 2008


Johannes C. Sens travaillant sur l’aimant de la première expérience g-2 en 1959.

Johannes C. Sens, physicien et ingénieur qui travaillait depuis très longtemps pour le CERN, s’est éteint le 3 novembre 2008 à Nice (France) des suites d’une intervention chirurgicale.

J.C. Sens, qu’on appelait souvent «Hans», a été l’un des pionniers des expériences de mesure du g-2 du muon et a joué un rôle fondamental dans la découverte du cinquième quark.

Né aux Pays-Bas, Hans obtient un diplôme d’ingénieur à l’Université technique de Delph en 1953. Il étudie ensuite sous la direction d’Enrico Fermi à l’Université de Chicago. Après la mort de Fermi, il y obtiendra son doctorat pour ses travaux sur les muons avec Valentin Telegdi. Il arrive au CERN en 1958, en même temps que Leon Lederman avec lequel il étudie les méthodes de mesure du g-2 du muon. En 1966, après avoir travaillé sur différentes expériences sur les muons, Hans quitte le CERN pour rejoindre la Fondation pour la recherche fondamentale sur la matière de l’Université d’Utrecht (Pays-Bas). Avec la mise en service des Anneaux de stockage à intersections (ISR) au CERN, il devient le porte-parole de la collaboration CERN-Holland-Lancaster-Manchester aux ISR.

En 1976, alors en détachement aux États-Unis, Hans rejoint l’expérience de Lederman qui a découvert la particule upsilon et donc le cinquième quark («b» ou «beauté»). Ses contributions y seront décisives. Il passe ensuite sept années au Centre de l’accélérateur linéaire de Stanford (de 1979 à 1986).

Au milieu des années 80, Hans retourne au CERN et travaille à la mise au point de programmes d’analyse pour l’expérience L3, sous la direction de C.S. Ting, auprès du Grand collisionneur électron-positon (LEP). Il prend sa retraite en 1993, mais séjournera quelque temps à l’Academia Sinica et à l’Université centrale nationale de Taiwan, et il collaborera jusqu’à une date récente avec l’Institut Non Linéaire de Nice (INLN).

Au fil de sa carrière, Hans a dispensé des cours de physique des particules et supervisé les travaux menés dans le cadre de nombreux mémoires de maîtrise en sciences et thèses de doctorat à l’Université d’Utrecht (de 1966 à 1994), renonçant délibérément à toute fonction administrative pour se consacrer pleinement à la recherche et à l’enseignement. Les efforts qu’il a déployés ces dernières années pour mener et publier des travaux de recherche dans un domaine nouveau pour lui, l’astrophysique, illustrent bien la passion dévorante qu’il vouait à la recherche, passion qui n’a cessé de l’animer tout au long de sa vie.

La communauté de la physique des particules vient de perdre un éminent physicien et un enseignant-chercheur dévoué, qui s’est consacré de tout son être au développement de la physique. Son intelligence, son charme et son ouverture d’esprit manqueront à chacun d’entre nous.

Hans a mené une vie épanouissante et accomplie. Il laisse dans la peine ses deux frères, Paul et Cees, sa sœur Elly, ses enfants chéris, Paula, Alexandra et Erik-Jan, et sa petite-fille, Maria Leonor. Repose en paix, Hans.

Erik-Jan Sens