Thierry Lagrange : Services et transparence dans les finances

Thierry Lagrange a pris la tête du département des Finances et des achats avec un leitmotiv : renforcer les services aux utilisateurs.



Avec une soixantaine d’employés, le département des Finances et des achats est petit comparé aux grosses entités que sont les départements techniques. Mais ses activités sont cruciales car elles viennent à l’appui de toutes celles du Laboratoire. Le département gère les ressources financières et les engagements de l’Organisation, s’assurant que les entrées soient en adéquations avec les dépenses, que la trésorerie soit suffisante, que les contrats soient passés aux meilleures conditions, en bref que l’argent soit là et bien géré.

Dans une période de ressources limitées, il fallait donc toute l’habileté d’un habitué de la maison pour mener à bien ce délicat exercice. Thierry Lagrange, qui vient d’être nommé chef du département des Finances et des achats, a effectué l’essentiel de sa carrière au CERN, occupant le poste de chef adjoint du département des Finances au cours des cinq dernières années. Il connaît mieux que quiconque les subtilités et chausse-trapes des finances et des achats du CERN. Il l’explique sans ambages, les difficultés de liquidités sont manifestes. «L’un des grands défis du département est de gérer les ressources toujours au plus juste, avec une très grande rigueur», et une marge de manœuvre quasiment inexistante. «Nous devons suivre très attentivement les entrées de liquidités et les besoins, et gérer également avec beaucoup de précaution nos recours aux emprunts à court terme», explique-t-il.

Cette gestion pointue, qui a été renforcée par le nouveau système de planification et de contrôle mis en place il y a deux ans, est d’autant plus ardue que le CERN finit le remboursement des emprunts à long terme pour le LHC, mais a besoin de fonds pour consolider les infrastructures existantes et financer les projets approuvés dans le cadre du programme scientifique. Sans compter les réparations du LHC qui sont venues se greffer sur les dépenses. «Nous devons concilier un taux d’endettement à court terme acceptable avec des demandes de financement pour réaliser les projets», reconnaît Thierry Lagrange.

Le département des Finances et des achats doit parallèlement prendre le même virage que le Laboratoire, passer de la phase de construction à la phase d’exploitation, avec une plus grande priorité donnée aux services pour les utilisateurs. «Le service des achats avait déjà anticipé la fin de l’ère de la construction, avec une baisse d’effectif conséquente, indique Thierry Lagrange. En revanche, nous devons maintenant nous focaliser vers les utilisateurs, pour leur offrir des services adaptés.» Le département gère par exemple les «Team accounts», c’est-à-dire les comptes financiers de groupes d’utilisateurs, pour les collaborations notamment, leur permettant de payer leurs achats de biens et de services. «Avec la phase d’exploitation, nous aurons un plus grand nombre de comptes individuels à gérer», indique Thierry Lagrange, qui entend encore faciliter l’accès à ces services et leur utilisation.

Une autre grande mutation concerne les services industriels, c’est-à-dire les entreprises contractantes pour prendre en charge des activités externalisées par le CERN. Centrés sur la construction, les services industriels s’orientent désormais vers l’exploitation et la maintenance. «Nous avons besoin de nouvelles compétences qui ne sont pas forcément remplies par les sociétés ayant participé à la construction.» L’un des grands chantiers du département est donc de passer de nouveaux appels d’offres pour pouvoir assurer les services liés à l’exploitation, comme dans la cryogénie, la ventilation ou l’électricité. Parallèlement, le service des achats doit répondre à de nouveaux grands projets: il devra passer dans des délais très courts un nombre important d’appels d’offres pour des projets tels que Linac4 ou le centre de calcul.

Thierry Lagrange n’a pas changé la physionomie de son département. Seul le groupe Logistique a quitté l’entité pour rejoindre dans le cadre de la restructuration le tout nouveau département Infrastructure et services généraux. En revanche, dans la ligne de la nouvelle direction, Thierry Lagrange compte bien faire souffler un vent d’ouverture et de transparence sur les finances. «Je constate un changement de style de management qui me convient très bien, sourit-il, et je souhaite accroître la communication de notre département qui doit apparaître comme un prestataire de services et non pas comme une boîte noire.» Thierry Lagrange ne veut pas clore l’entretien sans saluer les équipes en place dans le département. «Je tiens à remercier tous mes collègues qui assurent avec efficacité le bon fonctionnement de nos services», conclut-il.

Le parcours de Thierry Lagrange

Diplômé en économie et en gestion des finances dans son pays natif, la Belgique, Thierry Lagrange est entré au CERN en 1985 comme chargé de contrat, et a gravi rapidement les échelons des achats du CERN. En 1993, il devient chef du service des achats, au moment où les grands contrats commencent à être passés pour la construction du LHC et des expériences. Chef de la division Approvisionnements et logistique en 2002, il devient chef adjoint du département des Finances en 2004, avec comme responsabilité principale la gestion des achats et des services industriels. Il est chef du département des Finances et des achats depuis le 1er janvier 2009.