Créer des liens… et des accélérateurs

Lyn Evans, le chef du projet LHC, a reçu de l’Université de Genève (UNIGE) un doctorat honoris causa pour son rôle dans la construction de l’accélérateur mais aussi pour son action en faveur du rapprochement des nations. Il fut l’une des quatre personnalités honorées le vendredi 5 juin, à l’occasion du 450e anniversaire de l’Université.


Lyn Evans arrive à la cérémonie en compagnie de l’archevêque Desmond Tutu.

«J’ai été extrêmement surpris d’apprendre que je faisais partie de la liste des personnes récompensées, reconnaît Lyn Evans, mais je l’ai été encore plus lorsque j’ai découvert les autres noms qui y figuraient». Lors de la cérémonie, Lyn Evans s’est vu remettre un doctorat honoris causa au même titre que trois autres personnalités: l’archevêque Desmond Tutu, connu pour son combat contre l’apartheid en Afrique du Sud; Mary Robinson, première femme présidente d’Irlande et ancienne Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme; et Pascal Lamy, directeur général de l’Organisation mondiale du commerce.

La cérémonie du Dies academicus s’inscrit dans une longue tradition, mais cette année, les 450 ans de l’Université lui ont conféré une importance particulière. Cet événement solennel a eu lieu en la cathédrale Saint-Pierre, là où, il y a tout juste un siècle, des doctorats honoris causa avaient été décernés à Albert Einstein et à Marie Curie à l’occasion du 350e anniversaire de l’Université.

«Le discours de l’archevêque Desmond Tutu a été, de loin, le temps fort de la cérémonie; c’était incroyable, et je pense que tous ceux qui y ont assisté seraient de mon avis, a déclaré Lyn Evans. Ce fut un grand jour et un immense honneur pour moi, surtout en si éminente compagnie».

Les quatre personnalités ont été honorées par l’Université pour leur engagement en faveur du dialogue entre les nations et des droits de l’homme. Ces 15 dernières années, Lyn Evans a dû, en tant que chef du projet LHC, faire preuve de qualités de diplomate sur le plan international, incitant de nombreux États non-membres du CERN à participer au projet. C’est donc à la fois pour son rôle en faveur du rapprochement des nations que dans la construction de l’accélérateur qu’il a été honoré.

«Rapprocher les nations constitue une part importante de la mission du CERN, explique-t-il. En fait, c’est même l’une des raisons pour lesquelles le CERN a été créé au départ.» Mais en acceptant le rôle de chef du projet LHC, il ne s’attendait pas à avoir cette responsabilité.

«Au début, je ne savais pas à quoi m’attendre, mais en tout cas, je ne pensais pas que mon travail serait si axé sur les relations internationales, précise Lyn Evans. Les détecteurs sont construits dans le cadre de collaborations internationales depuis de nombreuses années; s’agissant des accélérateurs, au CERN leur construction a toujours été une question interne. Le LHC a rompu avec cette tradition, et nous avons dû nous adapter très vite. Le premier directeur général concerné par ce changement a été Chris Llewellyn-Smith, qui était un excellent diplomate. Ensemble, nous avons obtenu la participation d’acteurs majeurs: le Canada, les États-Unis, l’Inde, le Japon et la Russie.

«Et je pense que, à l’avenir, pour les grands projets, on continuera de privilégier ce type d’approche, ajoute-t-il. D’autres collaborations internationales sont déjà en train de se former sur un modèle similaire, comme les projets XFEL à DESY et FAIR à Darmstadt, et j’espère qu’elles pourront tirer les leçons de ce que nous avons accompli avec le LHC.»

Pour plus d’informations sur le Dies academicus et sur le 450e anniversaire de l’Université de Genève, vous pouvez consulter le site web suivant: www.unige.ch/450/