Le LHC… mais oui, bien sûr qu’on le connaît !

Enfin.., plus ou moins. Après un premier tour fait à Meyrin (lire le numéro précédent du Bulletin), le micro-trottoir continue à Divonne-les-Bains et à l’Université de Genève. Bien que beaucoup sachent de quoi il s’agit, la raison d’être de ce « truc scientifique » reste souvent mystérieuse.

Au premier abord, les non-initiés assurent tous qu’ils n’y connaissent rien. « Le Lausanne hockey club? » L’acronyme LHC n’est pas encore ancré dans les mémoires. « Le lancement hydraulique du… je ne sais plus. » Pourtant, quand on leur demande ce qu’est le CERN, c’est bien l’accélérateur que les gens évoquent en premier. « Le cercle », « l’anneau », le LHC aurait-il autant marqué les esprits s’il avait été carré ?

On en retient aussi la taille: « C’est le plus grand du monde. Pour l’instant... ».

Quant à savoir ce qu’on y fait, c’est un autre problème. « D’étranges choses ! » C’est scientifique, personne n’en doute. À ce sujet, les étudiants, même littéraires, se montrent les mieux renseignés. Beaucoup ont retenu le terme d’accélérateur de particules, et savent qu’il est question de collisions. « C’est pour trouver le boson de Higgs », précise même l’un d’eux. « Faire des mini big-bangs », avance un autre. « Pour trouver de nouvelles lois de la physique », « mieux comprendre la création du monde ».

En plus des informations relayées par les médias, plusieurs de ces jeunes ont appris des choses sur le CERN et le LHC grâce à l’exposition « Matière première », installée à Genève pour les 450 ans de l’Université. Elle avait pour but d’expliquer au grand public les travaux du CERN. Par contre, à Divonne-les-Bains, un couple se dit très intéressé, mais regrette un manque d’information sur les buts de ces travaux. Selon eux, ne pas savoir ce qui est fait dans les tunnels du LHC risque d’entretenir la crainte qu’il suscite parfois. D’autant que des mots comme « antimatière » ou « trous noirs » sont présents dans les esprits, sans être forcément bien compris. « On ne sait jamais ce qui peut arriver, c’est un peu inquiétant. Le nucléaire partait d’un bon sentiment, mais on a vu à quoi cela peut aboutir. Cela peut être dangereux ».

Le LHC pourrait-il avoir des applications belliqueuses? Aucune des personnes interrogées n’a émis cette hypothèse. Cependant, à la question des retombées qui pourraient découler du LHC, les idées restent vagues. Dans l’ensemble, les gens ont confiance : « Il y en a sûrement, vu les sommes qu’on y investit ». « Peut-être qu’on va découvrir des mondes parallèles », s’amuse une dame. À Genève, l’un des étudiants était malheureusement convaincu que les recherches du CERN ne changeraient rien à la vie quotidienne. Pourtant, à l’évocation d’exemples comme le Web, ou des applications médicales, il s’est souvenu les avoir vus dans l’exposition Matière première.

Si la recherche fondamentale est plutôt vue d’un bon œil, ses applications restent donc méconnues. Heureusement, pour certains, le savoir est un bénéfice en soi.

Antoine Cappelle