La retraite sera pour plus tard !

À l’heure où chacun célèbre les succès éclatants du LHC cette année, la communauté internationale des accélérateurs a déjà le regard tourné vers le prochain collisionneur. Une grande figure de l’histoire de la construction des accélérateurs au CERN vient d’être choisie pour coordonner le développement des travaux pour le futur collisionneur linéaire.

 

Lyn Evans à SM-18.

Lyn Evans, ancien chef du projet LHC, vient d'être nommé directeur de la nouvelle organisation pour le Collisionneur linéaire, laquelle rassemble les deux programmes de collisionneurs linéaires existants. « Au départ, nous allons continuer à travailler en parallèle sur le CLIC et sur l'ILC », indique Lyn Evans. Les deux accélérateurs proposés ont un certain nombre d'éléments en commun, tels que les anneaux d'amortissement ou le système de focalisation finale. Les deux accélérateurs ont des détecteurs au design très semblable, sauf pour ce qui concerne l'acquisition des données – car la structure temporelle des deux machines est très différente. « Les technologies utilisées pour les deux accélérateurs sont à des stades de développement très différents », résume Lyn Evans.

Une chose est claire pour le nouveau directeur : lorsqu'arrivera le moment de prendre la décision finale, celle-ci devra reposer sur des questions scientifiques et non sur des questions politiques ou sur des préférences personnelles. « C'est pour cela que le résultat concernant le boson de Higgs est si important pour le futur collisionneur linéaire. Il est indispensable d'acquérir suffisamment de données avant le premier long arrêt. Ainsi nous pourrons vraiment avoir suffisamment d’éléments scientifiques pour déterminer le type de collisionneur dont nous avons besoin. Nous allons d'ailleurs continuer à exploiter le LHC plus longtemps que prévu cette année, afin d'acquérir le plus de données possible. »

Lyn Evans se fixe un double objectif pour ses trois années de mandat : tout d’abord, arriver à une décision sur le choix de l’accélérateur et le lieu de sa construction ; ensuite, faire approuver le plan et son financement. « Ce sera difficile, ajoute-t-il, mais au fond cela a aussi été le cas pour le LHC ! »

« Pour le LHC, le fait que la communauté de physique ait été réellement unie par la volonté de disposer d’un collisionneur de hadrons de haute énergie a vraiment changé la donne, ajoute-t-il. Il y a beaucoup plus de chances qu'un accélérateur soit approuvé pour un futur collisionneur linéaire si nous sommes réellement d'accord sur le type de machine qu'il nous faut. »

Vu la taille du projet, il faut travailler à échelle mondiale. Le Comité international pour les futurs accélérateurs, qui vient de nommer Lyn Evans, travaille d'ailleurs déjà sur trois continents : « J’ai été nommé après consultation des communautés de physique d’Amérique, d’Asie et d’Europe. Je ferai tout pour que l'organisation pour un collisionneur linéaire reste un projet mondial », conclut Lyn Evans.

par Joannah Caborn Wengler