Le LEIR au service de la biomédecine

Le LEIR est l’installation du CERN qui produit des faisceaux d’ions très denses pour le LHC et pour les expériences à cible fixe du SPS. Comme son calendrier d’exploitation n’est pas saturé, le LEIR pourrait, en principe, être utilisé davantage. Une réunion de réflexion a eu lieu récemment au CERN pour évaluer la possibilité de modifier le LEIR afin de le mettre au service de la biomédecine. Ce projet est à l’étude.

 

L'anneau d'ions de basse énergie (LEIR en anglais).

Le LEIR est un petit synchrotron d’une circonférence d’environ 78 m. Actuellement, il reçoit des particules du Linac 3 et prépare les faisceaux pour le SPS et le LHC. « Afin que le LEIR puisse fournir des faisceaux d’ions aux énergies appropriées pour des études utiles aux applications biomédicales, il faudra concevoir un nouveau système d’éjection avec de nouvelles lignes de faisceaux, explique Christian Carli, du département Faisceaux. De plus, le Linac 3 pourrait être amélioré pour inclure une deuxième source d’ions et un quadripôle radiofréquence (RFQ) optimisé pour des ions utiles aux études biomédicales. » 

Les activités biomédicales pourraient se dérouler en « temps partagé », c’est-à-dire qu’elles pourraient avoir lieu également pendant les campagnes d’exploitation du LHC. L’installation LEIR pourrait fournir différentes sortes d’ions, allant des simples protons jusqu’à au moins des ions néon. On pourrait alors procéder à des essais sur des biocibles (c’est-à-dire des cellules humaines malignes et normales) placées dans les lignes de faisceau, et tester également des systèmes innovants de dosimétrie, de détecteurs de radiation, et de radiographie et tomographie à protons.

Toutes les conditions sont réunies pour que le LEIR intéresse l'ensemble des scientifiques (médecins, physiciens, biologistes, etc.) qui travaillent sur l’hadronthérapie, la radioprotection et d’autres applications biomédicales. « Plus de 200 scientifiques issus de 26 pays, essentiellement l’Union européenne, mais aussi l’Australie, le Canada, la Colombie, les États-Unis, l’Inde, le Mexique et la Russie, ont participé à la réunion de réflexion, explique Manjit Dosanjh, responsable des activités de sciences de la vie au CERN et organisatrice de la manifestation. Les 17 interventions ont soulevé de nombreuses questions qui ont été discutées par les participants. Plusieurs intervenants ont souligné que le CERN serait un lieu idéal pour une nouvelle installation, en raison de la compétence du Laboratoire en matière de production de faisceaux, de développement de détecteurs, de calcul avancé et d’analyse. L’absence d’activités cliniques pourrait également être un avantage, dans la mesure où tous les efforts seraient concentrés sur la recherche. Naturellement, nos liens avec d’autres centres biomédicaux en Europe, via des réseaux tels que ENLIGHT, seraient également un avantage. »

La nouvelle installation pourrait également aider à rassembler les spécialistes de biomédecine en vue de créer un centre de recherche dans ce domaine, qui requiert des connaissances spécialisées dans un grand nombre de disciplines.

Les crédits nécessaires pour la construction de la nouvelle installation et l’infrastructure correspondante pourraient venir du 8e Programme-cadre de l'Union européenne (Horizon 2020). Le fait que l'infrastructure de base existe déjà est un gage de bon rapport coût-efficacité.


Pour plus d’informations sur le programme de la réunion, et les éléments présentés, voir ici.

par Antonella Del Rosso