Max Reinharz (1923-2012)

Max Reinharz est né en 1923 à Vienne, en Autriche. En 1939, il dut émigrer en Angleterre. Au début de la Seconde Guerre mondiale, considéré comme étranger ennemi, il fut interné puis déporté en Australie, à un moment où les Anglais craignaient une invasion de leur île par les Allemands. Il retourna en Angleterre en 1943 pour s’engager dans l’armée britannique. Démobilisé en 1947, il entreprit des études de physique à Vienne, où il fit un doctorat en 1953.

 

Max Reinharz (au centre) avec Gordon Munday (à gauche) et Henri Laporte, en 1979.

Après avoir travaillé à Bruxelles, à l’Institut de physique de Genova et à l’Université de Pise, il entra au CERN en 1960 comme boursier, et à partir de juin 1964, comme physicien supérieur dans la division NP. On trouve son nom associé à de nombreuses publications, par exemple sur l’expérience neutrinos du CERN et la collaboration CERN-Genève-Lund pour la vérification de la conservation de la symétrie T dans les désintégrations lambda.

Ensuite, il fit partie d’une petite équipe dans la division du Synchrotron à protons (MPS), chargée d’assister les groupes de physique extérieurs pour préparer et installer leurs expériences. À l’époque, le synchrotron fonctionnait avec des cibles internes. Il fallait sélectionner et guider les particules secondaires émises dans des faisceaux adaptés aux dispositifs expérimentaux préparés par les physiciens venus de l’extérieur. La fonction de cette équipe était de calculer, construire et régler ces faisceaux.

En 1976, il rejoignit le groupe de Giorgio Brianti chargé de la réalisation, et plus tard, de l’exploitation des zones expérimentales du SPS, où il a, entre autres, introduit avec succès l’utilisation de faisceaux tertiaires. Là, il participera de nouveau à plusieurs expériences importantes, y compris à la mesure de la production des particules par des protons de 400 GeV/c sur une cible de Beryllium (NA20).

L’intérêt de Max ne se limitait pas à la physique des particules. Il était animé d’un profond sentiment de justice. Il participa aux activités de l’Association du personnel, dont il fut le président de 1977 à 1978. Il défendit non seulement les intérêts de ses collègues, mais maintint surtout un dialogue positif et constructif avec la Direction, tout en préservant l’unité du personnel, alors que certains considéraient les rapports avec la Direction en termes de lutte des classes. Son engagement en faveur des Droits de l’Homme se poursuivit au sein du Comité Youri Orlov, créé pour obtenir la libération de son collègue russe, animateur du Comité pour la surveillance des accords d'Helsinki de 1975 et injustement condamné.

Dans le cadre de son poste, qui le mettait directement en relation avec les physiciens qui venaient faire leurs expériences au CERN, il eut un rôle clé dans l’action du CERN pour la reconstruction de l’Europe scientifique et pour rétablir les liens rompus par la guerre entre les Européens. Son activité dépassa toutefois rapidement les limites des États membres de l’époque jusqu'en Europe de l’Est et en Union Soviétique. Il participa en particulier à l’établissement de relations avec la Chine, au moment où, après la disparition de Mao, elle avait entrepris sa modernisation et son ouverture au monde. Ces activités ne se limitaient pas à de simples contacts officiels, il avait aussi établi des liens personnels plus étroits grâce à son abord chaleureux et son enclin aux contacts humains.

Après son départ à la retraite, fin 1988, il continua à entretenir et à développer des contacts avec ses nombreux amis, au CERN, et de par le monde. Sans être toujours d’accord avec tous ses engagements, ils appréciaient et admiraient la pertinence de ses analyses, sa droiture, son infatigable combat pour un monde meilleur et, aussi et surtout, la richesse de son amitié.

Ses anciens collègues et amis au CERN